mardi 1 juillet 2014

Escroquerie à la CPAM: le pharmacien collois faisait "flamber" les cartes Vitale

Avec plusieurs complices dont un médecin villeneuvois, et grâce à des cartes Vitale usurpées, il avait mis en place une vaste escroquerie à la CPAM dont le montant atteint 750.000 €
À la pharmacie de L'Abbaye, à La Colle-sur-Loup, s'est déroulé pendant trois ans, un commerce peu orthodoxe. Soupçonné d'escroquerie en bande organisée, le gérant de l'officine, Bertrand Bobo, 50 ans, comparait depuis ce lundi et jusqu'à vendredi devant le tribunal correctionnel de Grasse aux côtés de vingt autres prévenus, clients habituels de l'officine, médecins prescripteurs, amie proche.
En trois ans, Bobo et ses complices auraient détourné 750.000 € au préjudice de la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM).
Les cartes Vitale, Bobo en était fou. Et les faisait chauffer à volonté comme s'il s'agissait de cartes de crédit. À la barre du tribunal, le mis en cause, costume bleu marine à coudières beige sur polo crème, se présente comme un homme « faible, gentil », qui a d'abord voulu aider une clientèle d'indigents qui n'avait pas les moyens de se soigner. Il délivrait les médicaments et, pour rentrer dans ses frais, « s'arrangeait » en fraudant la CPAM.
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Bobo dépassé par sa générosité, comme le soutien également un médecin généraliste de Villeneuve-Loubet ?
Ordonnances bidon
Le pharmacien indique avoir agi sous la menace de clients issus de la communauté des gens du voyage : « J'ai vécu leur présence comme une pression ».
L'une d'elle, Yvonne, absente au procès et sous le coup d'un mandat d'arrêt, s'y rendait près de quatre fois par jour. Elle remettait au praticien des ordonnances de complaisance, rédigées par le médecin de Villeneuve-Loubet, ainsi que des cartes Vitale usurpées à des connaissances.
Bobo passait les cartes et encaissait le prix de médicaments qui n'étaient jamais délivrés. Puis, il reversait un tiers des sommes indûment perçues à la « patiente ». « Ce n'est pas moi qui ai mis en place ce système », se défend le prévenu.
« Pourtant vous donniez des instructions à vos complices. Vous leur remettiez des listes de médicaments onéreux, vous les envoyiez se les faire prescrire par le médecin de Villeneuve-Loubet», lui rappelle le président Marc Joando.
Pour engranger toujours plus de bénéfices, le pharmacien a même tenté d'utiliser le logiciel de comptabilité trafiqué désormais célèbre permettant d'étouffer une partie des recettes*.
« Ça marchait mal», déplore le quinquagénaire. « Il était accro aux cartes Vitale et à l'argent », témoigne sa meilleure amie, avocate au barreau de Nice, à ses côtés sur le banc des prévenus. On lui reproche d'avoir participé à l'escroquerie en fournissant les cartes Vitale de sa famille. Ce qu'elle nie. « Je ne savais pas qu'il allait les utiliser pour ça. J'ai été trahie ».
Le procès se poursuit aujourd'hui avec l'audition des onze autres médecins qui ont participé au trafic.

http://www.nicematin.com/cagnes-sur-mer/escroquerie-a-la-cpam-le-pharmacien-collois-faisait-flamber-les-cartes-vitale.1805689.html

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