lundi 7 juillet 2014

Le calvaire d'esclaves modernes en procès à Marseille

Dans le procès qui s'ouvre demain à Marseille, la misère le dispute à la pauvreté.
Les six prévenus, tous membres d'une même famille de ferrailleurs dont le père, Yordan Hristov, est présenté comme le chef de «clan», sont poursuivis pour traite d'êtres humains. Ils auraient organisé ces activités de mendicité et de proxénétisme en 2012 et jusqu'en juillet 2013, date où ils ont été interpellés dans un camp rom du 11e arrondissement de Marseille, où ils résidaient.
Leur arrestation fait suite à une dénonciation, en juin 2013, émanant de l'une des victimes, une prostituée.
Accablant, son témoignage est confirmé par les enquêteurs.
Recrutée en Bulgarie par le fils Thyristor, lui-même prostitué travesti sur le même boulevard de Marseille, elle a détaillé comment elle était forcée de travailler sept jours sur sept, de 20h à 5h du matin : contrainte de lui remettre tous ses gains, de 100 à 200 € par nuit, elle était régulièrement frappée par le père et le fils, à coups de barre, à mains nues, mais aussi brûlée avec des cigarettes.
Réfugiée chez un client «qui s'est épris d'elle» selon les enquêteurs, la victime fait aussi état de maltraitances à l'encontre de mendiants, tenus sous le joug de la famille.

«La pauvreté qui exploite la misère»

L'enquête révélera ainsi que six mendiants, recrutés en Bulgarie, étaient exploités par la famille Hristov. Agés de 43 à 69 ans, certains étant malades ou infirmes, ils mendiaient chaque jour et par tous les temps, de 7h30 à 19h, et «avaient droit pour toute pitance à un café le matin, à 2 sandwiches le midi et à des restes récupérés des poubelles de supermarchés le soir». Régulièrement frappés, ils subissaient fouilles et mises à nu humiliantes en rentrant au camp, pour vérifier qu'ils ne cachaient pas d'argent.
L'un des mendiants a raconté que Hristov possédait en Bulgarie une «très belle maison, avec des jets d'eau décoratifs, un verger. Elle est très bien meublée, ils ont du goût…».
Lors de sa garde à vue, Hristov a, lui, affirmé que tous reversaient volontairement les gains dans «un pot commun», formant ainsi «une grande famille», l'argent déposé sur son compte devant, «bien sûr», leur être reversé. «C'est la pauvreté qui exploite la misère, comme si c'était rassurant de trouver quelqu'un plus bas que soi, cela montre qu'on n'est pas au degré zéro» a commenté l'avocat des parties civiles.

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