mardi 12 août 2014

Il étrangle son mari, elle le plante

La dispute a débuté à propos du chien. Ils ont cru tous les deux qu'ils allaient mourir ce 8 mars 2014, à Tarbes. L'affaire aurait très bien pu se terminer aux assises.
«J'ai dit à Richard (1) de ne pas taper son chien. Il s'est énervé, m'a insulté, donné des coups de poing. J'ai vu rouge. J'ai tiré sur sa chaîne autour du cou et lui ai mis deux tapes sur la tête. J'ai senti un coup sur le côté. J'ai vu Sandra avec un grand couteau ensanglanté. J'ai crié au secours. J'ai cru mourir», raconte Frédéric, à la fois prévenu et victime dans ce dossier.
La présidente Gadoullet lui fait remarquer qu'il a failli étrangler Richard. «Les enquêteurs ont relevé des marques de strangulation». Frédéric rétorque : «Je n'ai pas voulu l'étrangler. Je voulais le maîtriser».
Témoin de l'agression de son mari Richard, Sandra a «eu très peur. Je ne savais pas quoi faire. J'avais le couteau de cuisine à côté de moi. Je l'ai pris et je l'ai planté». Élisabeth Gadoullet lui demande si elle a demandé à Frédéric de lâcher Richard. «Non, j'ai paniqué… Je ne me suis pas reconnue avec cette arme pleine de sang dans la main».
Ce qui est plus gênant, c'est que ni Sandra ni Richard n'ont alerté les secours. Frédéric est sorti de l'appartement de la mère de Richard — avec laquelle il vit — et ce sont des passants dans la rue qui ont appelé les secours. Pendant ce temps, Richard et Sandra se concertent pour dire que Frédéric s'est empalé sur le couteau en reculant. Bref, qu'il s'agit d'un accident. «On avait peur», bredouille Sandra pour justifier cette fausse version.
à la barre, Richard remercie sa femme «de lui avoir sauvé la vie. Sinon, je ne serais pas là… En même temps qu'il m'étranglait, il m'a donné deux coups de poing à la tempe», indique Richard en montrant sa chaîne autour du cou. Son avocate Me Balespouey explique qu'il «a vu la mort de très près. Cette image, il va la voir toute sa vie».

Légitime défense rejetée

L'avocate de Sandra abonde dans le même sens : «L'acte de défense était nécessaire. Si elle n'avait pas agi, est-ce que Frédéric serait encore en vie. Elle a agi en état de légitime défense et ce même s'il n'y a pas eu de sommations». Et de demander la relaxe.
Me Sanz, conseil de Frédéric, et Annie Servat, substitut du procureur, estiment pour leur part que «la réponse a été disproportionnée par rapport à l'attaque, sans sommation, et que le tribunal ne peut pas retenir la légitime défense».
Le tribunal suit l'appréciation du ministère public. Il ne reconnaît pas la légitime défense à Sandra et la condamne à 6 mois avec sursis. Frédéric écope, lui, de 6 mois avec sursis mise à l'épreuve pendant 2 ans avec obligation de soins et d'indemniser la victime. Il doit verser 1.500 € à Richard.
(1) Les prénoms des protagonistes ont été changés

http://www.ladepeche.fr/article/2014/08/12/1932892-il-etrangle-son-mari-elle-le-plante.html

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