samedi 2 août 2014

La guillotine pour le parricide

Quatre-vingt-deux ans plus tard, certains des 320 habitants de Leuvrigny n’ont pas oublié le parricide qui s’est produit en cet été 1932, au hameau de Le Chesne-la-Reine, à la ferme du « Peigne-d’Argent ». Depuis un peu plus de deux mois, Xavier Clément Cornet, 47 ans, est hébergé par son père, Louis Clément, 82 ans, veuf et ancien cultivateur. Sans travail, il passe ses journées à… boire. La cohabitation avec l’octogénaire se passe mal. Celui-ci lui reproche sans arrêt « son intempérance et sa paresse ». Ce samedi 30 juillet 1932, au matin, « le vieux », comme l’appelle Xavier Clément Cornet, lui reproche de « trop fumer » ou peut-être «  d’avoir payé trop cher des œufs ». Il ne se souvient plus exactement. Quoi qu’il en soit, ce sont « les premiers mots de chicane ».

Une pension de 12 000 francs

La tension retombe durant le repas de midi, avant de monter d’un cran. Toujours pour des broutilles. Vers 16heures, pendant que Louis Clément Cornet est assoupi sur la table de la cuisine, le fils, qui a déjà bien bu, prend un fusil – un Mauser allemand – et y introduit une cartouche. Il approche l’arme contre la tête de son père et tire « afin qu’il ne souffre pas », confiera-t-il. Puis, il transporte le corps sans vie dans la chambre. Deux heures plus tard, Xavier Clément Cornet enfourche son vélo et part à Port-à-Binson boire quelques verres au « Café de la gare », non sans avoir pris au préalable toutes les économies de son père. Quelques jours auparavant, l’octogénaire avait touché sa pension : 12000 francs. Vers 21heures, grâce à un entrepreneur de Port-à-Binson, les gendarmes de Dormans mettent la main sur le meurtrier. Celui-ci est conduit à la brigade. Les militaires l’interrogent. Sans grand succès. Xavier Clément Cornet est ivre. Il est placé en cellule de dégrisement jusqu’à l’arrivée du capitaine Rouver, commandant de la gendarmerie d’Épernay. Le meurtrier est alors amené à la ferme du « Peigne-d’Argent » et en présence du parquet, il reconstitue le lendemain le parricide. Le 9 février 1933, Xavier Clément Cornet est jugé pour meurtre devant la cour d’assises de la Marne. Le verdict tombe : la peine de mort. En prison, le meurtrier joue à la belote et… travaille. Mais jamais, il ne parle du parricide. Le 9 juin 1933, à 4heures, Xavier Clément Cornet meurt guillotiné devant la prison de Reims, boulevard Robespierre. Avant le lever du soleil…
Source : « Les grandes affaires criminelles de la Marne » par Bruno Dehaye, De Borée Éditions.


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