samedi 23 août 2014

Lili : bataille juridique et numérique pour la garde de la fillette

Alors que l'avocat de la mère de la petite Lili vient de déposer ses conclusions auprès de la Cour de cassation, la tension est encore montée d'un cran entre les deux parents qui se disputent la garde de l'enfant.
L'histoire est banale : celle de deux parents qui se déchirent autour de la garde de leur enfant. Le souci, dans ce dossier, c'est que la mère habite dans les Pyrénées-Orientales et le père en Afrique du Sud…
Les proches d'Hélène Catlla, la maman de Lili, estiment que la petite fille ne doit pas retourner en Afrique du Sud, comme l'exige la cour d'appel de Montpellier qui a réformé une première décision prise par le juge affaires familiales en janvier dernier qui confiait la garde de l'enfant aujourd'hui âgé de vingt-sept mois à sa mère. Ils mettent en avant la rupture du lien avec la mère et le danger psychique que peut représenter une telle séparation.
Hélène Catlla, avait quitté l'Afrique du Sud et son époux avec leur bébé en novembre 2012 en promettant de revenir malgré une procédure de divorce en cours. Mais elle ne l'a pas fait.
Hélène Catlla a déposé une plainte pour violences conjugales. Elle est épaulée depuis plusieurs mois par un comité de soutien très actif à Font-Romeu et en Cerdagne française.

Appliquer la loi

Face à eux, Michael Job, le père, réclame l'application de la dernière décision de justice française et le retour de l'enfant. Il nie catégoriquement les violences conjugales. Et il s'appuie sur quatre avocats et des associations pour nourrir différentes procédures. La dernière en date émane d'une habitante de Font Romeu, favorable à la version du père et qui se dit menacée par le comité de soutien. «Elle n'a jamais été menacée», rétorque André Bègues le président du comité de soutien.
«J'ai moi-même demandé l'ouverture d'une enquête pour mise en danger de l'enfant. La mère et le comité de soutien ont largement diffusé des photos de Lili sans autorisation du père. Il y a la une atteinte manifeste au droit de l'enfant», estime Pierre Besson de l'association Père Enfant Mère basée à Grenoble. Quand ils n'échangent pas par avocats interposés, les parents et leurs partisans se livrent une guerre sans merci sur le net via Facebook et des blogs pour ou contre le retour de Lili en Afrique du Sud.
Sollicitée, la garde de Sceaux Christiane Taubira vient de confirmer que la décision de justice était exécutoire, mais qu'elle restait vigilante sur ce dossier complexe.
À de jour, aucun signe d'apaisement n'est perceptible dans cette guerre familiale autour de Lili.

La clandestine

La petite Lili, âgée de 2 ans, vit depuis un peu plus de quatre mois en état de clandestinité. Officiellement elle est en vacances d'été avec ses grands-parents maternels. «Elle se trouve quelque part» en Europe et elle va très bien», explique Hélène Catlla la mère. En fait, la petite a été éloignée de la France pour éviter qu'elle soit récupérée par les gendarmes et remise au père Michael Job avec pour destination finale le domicile paternel dans la réserve de Makalali en Afrique du Sud. Le long voyage de Lili pourrait s'éterniser pendant toute la durée de la procédure de la cassation. Puisque celle-ci n'est pas suspensive du jugement de la cour d'appel de Montpellier qui réclame le retour de la petite en Afrique du Sud.

«Le comité de soutien est dans l'illégalité»

Vous venez de passer trois semaines en France. Que s'est-il passé ? Avez-vous pu voir Lili ?
Michael Job, le père de Lili. Il s'est passé peu de chose. Je n'ai toujours pas pu voir ma fille. Par la voie de mes avocats, j'ai demandé à plusieurs reprises à rencontrer Lili que je n'ai pas vue depuis mars dernier. Je réclame soit de rencontrer ma fille directement, soit de dialoguer avec elle en Skype. Mais les mails restent sans réponse.
Votre épouse s'appuie sur un comité de soutien. Qu'en pensez-vous ?
Cette situation est inacceptable. Ces personnes qui soutiennent Hélène supportent des pratiques qui sont illégales. D'une certaine manière ils participent à l'enlèvement de ma fille. Ils n'ont aucun droit d'agir ainsi. Pour moi, Hélène et les grands-parents qui voyagent avec ma fille et qui l'ont enlevée ne sont pas les seuls dans l'illégalité. Les dirigeants du comité de soutien le sont aussi. C'est ce que je suis venu dire le 18 août dernier aux policiers de commissariat de Montpellier.
Où doit se dérouler la vie de Lili ? En France ou en Afrique du Sud ?
En Afrique du Sud. Dans mon esprit, c'est très clair. C'est là qu'elle sera protégée, dans un environnement stable. Voyez ce qui se passe aujourd'hui. Elle vit cachée et finalement loin de sa mère. Je ne crois pas que cela soit une bonne décision. Je souhaite passer du temps avec ma fille.
Que pensez – vous du voyage de Lili avec ses grands-parents ?
C'est inacceptable. Cela dure depuis quatre mois. Quatre mois Lili vit loin de ses deux parents en marge de la loi et on ne sait toujours pas où elle se trouve.
Vous dites que vous voulez retourner en Afrique du Sud avec Lili et la mère explique que sa vie est aujourd'hui en France. Existe-t-il une solution ?
Hélène et moi-même ne sommes pas divorcés. Pas encore ! Toutes les décisions relatives aux conditions de vie de Lili sont prises en Afrique du Sud. Hélène avait décidé en adulte de vivre en Afrique du Sud, de se marier avec moi. Je souhaite que Lili vive avec moi. Hélène, elle, ne le veut pas. Malheureusement, c'est elle qui a décidé dans un deuxième temps de rentrer en France. Elle s'est mise dans l'illégalité. Moi je n'ai pas la possibilité d'exporter mon activité d'organisateur de safaris en France. Je suis bouleversé et préoccupé par cette situation.
Hélène, votre épouse et mère de Lili vous accuse de violences conjugales. Qu'avez-vous à répondre ?
C'est faux. Ce sont les allégations d'Hélène mais tout ceci est totalement faux. Je n'ai jamais levé la main sur la mère de ma fille. Sur la question, j'ai mon propre point de vue et ce n'est pas la vérité. Elle ment.
Avec la saisine de la cour de Cassation la procédure promet d'être longue.
Lili n'est pas autorisée à voir son père et à lui parler. Cette situation est inacceptable. Elle pourrait perdurer durant neuf à dix mois. Je veux dialoguer avec elle par Skype tous les deux ou trois jours en attendant que les policiers la retrouvent.

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