mardi 5 août 2014

Montigny-lès-Metz : après Dils et Heaulme, le troisième homme chez les juges

Henri Leclaire, celui qu'on surnomme le troisième homme, est plus que jamais en première ligne. Cet après-midi, il a rendez-vous dans le bureau des d'instruction messins chargés de se pencher une énième fois sur le double de Montigny-lès-Metz (Moselle), le massacre à coups de pierre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, 8 ans, le 28 septembre 1986.
Près de vingt-huit ans après les faits, cet ancien manutentionnaire de 65 ans devrait, selon toute vraisemblance, être mis en examen. Ce qui en ferait, après Patrick Dils (définitivement acquitté en 2002 après deux condamnations) et le tueur en série Francis Heaulme (qui est, lui, toujours accusé), le troisième suspect de cette maudite.
Henri Leclaire n'est pas un inconnu dans cette affaire. En décembre 1986, c'est même le premier à avouer en garde à vue le double crime. Mais, à l'époque, les policiers estiment que plusieurs détails qu'il livre ne correspondent pas à la réalité matérielle du dossier. Il est mis hors de cause. Les enquêteurs poursuivent alors la piste Patrick Dils. Lequel passera quinze années en prison avant d'être innocenté.

Le nom d'Henri Leclaire réapparaît en 2002. Cette fois dans la bouche de Francis Heaulme, à son tour accusé. Le Routard du crime déclare avoir vu ce vieux garçon originaire de Montigny-lès-Metz, le jour des faits, descendre en courant le talus où sont morts les enfants, le tee-shirt taché de sang. Malgré tout, la justice estime que les charges pesant contre lui ne sont pas suffisantes. Il échappe donc au procès. Au mois d'avril dernier, l'hypothèse Leclaire semble donc levée lorsque s'ouvre le procès de Francis Heaulme devant la cour d'assises à Metz.

C'était sans compter le témoignage de dernière minute de Marie-Christine Blindauer. Cette femme de 51 ans explique s'être souvenue d'une discussion troublante qu'elle aurait eue avec Henri Leclaire il y a environ deux ans. Alors qu'il venait lui livrer des courses, l'ancien manutentionnaire se serait épanché sur l'affaire : « A un moment, il est devenu tout rouge, en transe. Il m'a parlé des enfants qui le gênaient. Il m'a dit qu'il avait couru après eux, les avait agrippés et s'en était pris physiquement à eux. [...] Mais il a répété qu'il ne les avait pas tués », raconte-t-elle.

Un autre témoin surprise met également Leclaire en cause. L'intéressé réaffirme son innocence mais, il n'empêche, un profond malaise s'est installé et la cour d'assises ajourne le procès de Francis Heaulme. Dans la foulée, une nouvelle information judiciaire visant nommément Henri Leclaire est ouverte.

Depuis avril, les gendarmes ont réentendu tous ces nouveaux témoins. « Ils ont également retrouvé un homme qui explique avoir vu Heaulme et Leclaire assis côte à côte, un jour, dans un bistrot, précise une source judiciaire. Mais ça ne veut pas forcément dire grand-chose. » Henri Leclaire ne devrait malgré tout pas échapper à la mise en examen. « Nous démontrerons qu'il n'a rien à voir avec cette affaire », martèle son avocat, M e Thomas Hellenbrand. Les investigations devraient se poursuivre au moins jusqu'à la fin de l'année. Pendant ce temps-là, l'insupportable attente des familles d'Alexandre et Cyril se poursuit


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