dimanche 26 octobre 2014

Mort de Chemsedine Bouyahia : quatre condamnations sur mesure

C’était le procès d’une nuit saumâtre d’automne où les passions se sont déchaînées sous des motifs futiles il y a tout juste trois ans. C’était le procès de la fierté mal placée de quelque- uns qui, pour ne pas reculer, ont fait monter les enchères de l’absurdité jusqu’à son sommet, provoquant la mort d’un homme étranger à l’affaire, qui croyait se protéger du délire ambiant à l’abri d’une voiture. C’était le procès des armes qui ont envahi les quartiers de nos villes sans que l’on n’y prenne garde, avec des conséquences de plus en plus visibles et dramatiques.
Il a fallu six heures aux jurés de la cour d’assises de Haute-Saône pour se prononcer sur la responsabilité de chacun des quatre accusés. Ce qui peut paraître long mais qui représente à peine autant de temps qu’il a fallu au drame pour se nouer ce 28 octobre 2011, aux Résidences, à Belfort.
Si le jury populaire a totalement écarté toute notion de préméditation comme les y invitaient les avocats, ils ont par contre décerné des peines sur mesure, très proches de celles requises par l’avocat général, Alexandre Chevrier. Mounir Z., reconnu coupable in fine du meurtre, écope de 18 ans de réclusion. A Sofiane M. ils ont donné 12 ans au lieu des 15 requis. « C’est cher payé, mon client est acquitté du meurtre et de la préméditation » estimait Me Pichoff, à l’issue de l’énoncé du verdict. Il avait seulement porté l’arme considérée comme celle dont est parti le coup fatal, mineur âgé de 16 ans, à l’époque des faits, il est condamné à 4 ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis. Enfin, Mehdi M., le frère de Sofiane, a été arrêté à l’audience pour purger la peine de trois ans d’emprisonnement qui lui a été infligée pour avoir, disons-le, clairement mis le feu aux poudres en défouraillant à tout va avec un pistolet à grenaille retrouvé deux mois plus tard sur ses indications, vierge de toutes traces, parfaitement nettoyées.
« On ne saura jamais vraiment ce qu’il s’est passé » concluait Me Schwerdorffer, défenseur du principal responsable de la mort de Chemsedine Bouyahia. « Les gens cachent constamment des choses et modifient leurs témoignages mais mon client est conscient de ce qu’il a fait et qu’il ne s’agit pas d’une peine d’exclusion. » Du côté de la famille de la victime, on notait un peu de dépit par rapport aux peines requises mais ce verdict avait une saveur de justice, savouré dans la retenue de la justice rendue.


http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/10/25/mort-de-chemsedine-bouyahia

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