L’avocat général Karim Badène avait requis 18 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Mohamed Diakité, qui a jeté le pavé, et 10 ans à l’encontre des deux autres : «C’était une action concertée et réfléchie. C’était un guet-apens aussi. Ils se sont cachés sur le toit et ont attendu».
Le 2 mars 2011, depuis le toit-terrasse d'un immeuble, les trois jeunes avaient jeté des pavés et une bouteille de rhum sur la Compagnie républicaine de sécurité 39 de Jarville (Meurthe-et-Moselle), qui assurait une «mission de sécurisation» aux abords de la gare RER de Noisiel, un jour de marché. L'un des projectiles, lancé par Mohamed Diakité, avait atteint en pleine tête Romain Lacour.
«J'avais les mains dans le sang chaud de mon collègue»
Les collègues du jeune CRS ont raconté jeudi ces minutes terribles où ils l'ont vu, le «crâne ouvert en deux». «Je le vois qui titube, s'écroule, cherche à se relever, comme une bête blessée», a témoigné Laurent Bonocini au troisième jour du procès. Jérôme Petitdemange, qui a prodigué les premiers secours, a raconté cette vision qui le hante : «J'ai vu son cuir chevelu se déchirer, laissant apparaître son crâne d'un blanc couleur ivoire... Romain qui vacille, et le sang qui commence à se répandre.» Il tente de stopper l'hémorragie avec son calot de police. «J'avais les mains dans le sang chaud de mon collègue, ce sang que nous n'arrivions pas à arrêter», a-t-il raconté d'une voix hachée par l'émotion.
Romain Lacour, héliporté à l'hôpital, a été maintenu pendant deux semaines dans un coma artificiel. Aujourd'hui, cet ancien sportif de haut niveau garde une infirmité permanente : il est sourd d'une oreille et ne peut plus se servir de son bras gauche.
L'avocat général a rappelé au cours de l'audience les écoutes «éloquentes» réalisées à l'insu des trois hommes pendant leur garde à vue, où ils se vantaient de leur acte. Des propos qui ont permis selon lui de «voir l'envers du décor, leur réel état d'esprit» et jeté un sérieux doute sur «la sincérité des excuses» proférées par les deux principaux accusés.
A ces derniers, Romain Lacour avait dit lui aussi, jeudi, qu'il doutait de leur sincérité. Les policiers sont «là aussi pour aider les gens», avait-il déclaré aux jurés, «parce qu'ils ont le droit de vivre tranquillement, sans se faire pourrir la vie par des voyous».
http://www.leparisien.fr/une/noisiel-5-a-14-ans-de-prison-pour-les-agresseurs-d-un-crs-28-11-2014-4330701.php
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