Aujourd’hui, il a perdu définitivement l’usage de son œil droit et n’entend plus très bien de l’oreille droite. Les faits remontent au 15 mai 2012. Ce soir-là, Gilles Chevallier et cinq amis vont fêter à “La Mez”, une boîte de Besançon, la naissance de son petit-fils. Rires, ambiance, musique, on boit, on parle, on est bien. La nuit s’étire, déjà 5 h. Les deux couples du groupe décident de rentrer.
Parking de la boîte, les deux filles marchent devant leurs copains. L’une, Nadège Hoel, 30 ans, se fait traiter de « sale pute » par trois jeunes sortis d’une voiture. Une réplique verbale de sa part lui vaut une série de coups qui la font tomber. Son copain part chercher leurs deux potes restés à l’intérieur. Les voilà qui rappliquent, Gilles, le chauffeur routier va subir nombre de coups de poing et de pied, y compris à terre, et recevoir une bouteille lancée avec force qui, éclatant sur sa tête, sera à l’origine de sa grave blessure à l’œil.
Il faudra presque un an aux policiers pour retrouver et interpeller les agresseurs au nombre de trois. Un seul, Sofiane Loersch, 23 ans, poursuivi pour violence en réunion avec arme ayant entraîné une infirmité permanente, est dans le box des accusés. Les deux autres, âgés de 15 ans et 14 ans, ont été jugés pour les mêmes faits, par le tribunal des enfants et condamnés chacun à 3 ans dont 2 ans avec sursis et mise à l’épreuve durant 3 ans, peines confirmées en appel.
S’il reconnaît avoir frappé Gilles Chevallier, Sofiane Loersch, défendu par Me Jérôme Pichoff et Me Maud Pedroletti, nie avoir porté le moindre coup à Nadège Hoel.
Deux victimes formelles
Calme, la voix monocorde, le ton lisse, il se coule dans la peau de celui qui, ce soir-là, a tout fait pour éviter le pire et séparer les protagonistes : « J’ai voulu intervenir, je trouvais choquant qu’une femme se fasse frapper, je l’ai relevée en la prenant dans mes bras pour la porter et lui éviter d‘autres coups. Quand M. Chevallier est sorti de la boite, je lui ai dit qu’on n’était pas là pour se battre, on s’est mis d’accord. Puis, je lui ai tourné le dos, je l’ai vu ensuite à terre, il s’est relevé, il avait une bouteille à la main, je me suis senti agressé, je lui ai donné deux coups de poing, au ventre et à l’épaule et un coup de pied, mais je ne l’ai pas frappé à terre ». L’accusé réadapte parfois ses déclarations en fonction des éléments surgis des débats conduits avec une clarté sereine par la présidente Schlumberger.En tout cas, Gilles Chevallier est formel, il n’a eu « aucune discussion » avec Loersch et ajoute : « Je me souviens de lui, il était le plus en avant. Mais je ne voyais plus entre les trois qui me frappaient et mes amis, j’étais à terre, le visage en feu, j’ai pris pour me protéger quelque chose qui traînait, une bouteille ou autre, je l’ai brandie pour les éloigner ».
De l’enquête, il ressort que c’est l’un des deux mineurs jugés qui a jeté la bouteille provoquant la grave blessure oculaire. De son côté, Nadège Hoel est très précise : « J’ai reçu un coup d’un mineur, je suis tombée, je me suis relevée, je l’ai repoussé, j’ai reçu alors des coups de trois personnes, Loersch ne m’a pas du tout aidé à me protéger ». La jeune femme a eu aussi sa vie bouleversée : deux fractures au visage ont nécessité une opération de la mâchoire et la pose d’une plaque sous l’œil. Elle ajoute : « Je ne suis pas parano, ce serait trop fort, mais désormais, j’ai du mal à être seule en ville ou sur un parking, je suis mal à l’aise ». Plaidoiries et verdict ce soir.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/12/09/vies-gachees-sur-un-parking-de-boite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire