Et pourtant, bien qu'il s'en défende, c'est l'épreuve de la justice des hommes qu'il redoute. Qui le chahute. Car à la barre du tribunal correctionnel de Marseille, c'est un homme taiseux qui porte le poids de toute une institution. Qu'il a servi avec fidélité. Or aujourd'hui, il est seul, l'adjudant Fontaine. Son avocat, Me Dominique Mattei, est devenu son épaule, qui dans une chorégraphie toute judiciaire, lui souffle presque les réponses. Un homme seul, Fontaine, bien que soutenu par ses proches, mais l'uniforme s'est fait rare dans la salle.
Tirs à balles traçantes
Comme s'il était devenu infréquentable. C'est lui qui était directeur de tir, le 22 juillet 2009, quand l'incendie de Carpiagne a enflammé les calanques, consumé plus de 1 000 hectares et détruit 11 % du coeur terrestre du site classé du parc. "Cette affaire, je la vis très mal, glisse-t-il. Je me lève avec. Je me dis chaque fois : si je pouvais revenir en arrière..." Pourquoi avoir ordonné ce jour-là une séance de tirs à balles traçantes, alors que le vent forcissait et que le pire, même sans être agrégé climatique, était prévisible ? Au jeu des questions-réponses à vertu pédagogique, très prisé dans les audiences pénales, un peu moins dans l'armée, Fontaine n'est pas le meilleur.On a parfois l'impression d'être propulsé dans un sketch de Fernand Raynaud , où le rictus aurait pris le pas sur le rire. Il est chahuté, Fontaine. "Parce que j'ai voulu que mes hommes soient prêts au combat en conditions réelles, répète-t-il en boucle. J'ai voulu faire vite et bien." Mais pourquoi cette hâte ? Ses hommes ne devaient pas repartir le lendemain sur le front. Et surtout, il n'ignorait pas que l'usage des balles traçantes était interdit en été. Bien sûr qu'il savait. "Vous savez, Mme la présidente, reprend-il, quand on est légionnaire et qu'on reçoit un ordre, on exécute !"
Les calanques enflammées
L'enquête va démontrer que le jour des faits, ni le commandant de la base, ni l'officier de tir n'étaient présents. C'est un caporal qui donnera les munitions à Fontaine. On se dit que l'armée, en cet été 2009, n'a pas été la grande muette, mais plutôt la grande sourde ...Lorsque ses supérieurs lui ont demandé de rédiger son rapport, ils l'ont réécrit. "J'ai dû le refaire cinq ou six fois, confiera-t-il au juge. J'en ai eu marre. Je n'ai même pas relu ce qu'ils ont écrit pour moi."Les deux colonels correcteurs en chef n'ont pas été inquiétés. Juste entendus. Et les communes de Marseille, Cassis et Carnoux ne sont même pas parties civiles. Obsédant silence. Cinq ans après, questionné par la présidente Lucie Chapus-Bérard, l'adjudant Fontaine se dit toujours persuadé que ce n'est pas une balle traçante qui a enflammé les calanques.
Me Frédéric Sarrazin, pour 7 des victimes de l'incendie, déplore "un enchaînement d'hypocrisies", au-delà d'un homme "qui a fait une grosse bêtise". Réquisitoire et plaidoiries aujourd'hui.
Dernières infos :
- 11 heures : le tribunal correctionnel de Marseille rendra son jugement le 19 janvier
- 10 heures : huit mois de prison avec sursis requis à l'encontre du légionnaire
http://www.laprovence.com/article/actualites/3157509/feu-de-carpiagne-un-homme-seul-et-une-armee-sourde.html
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