Les deux pieds et la tablette en bois sombre trônent au milieu de la salle d'audience, face au bureau de la présidente Annie Cautres et des assesseurs. Hier matin, la barre de la cour d'assises d'appel du Lot-et-Garonne, à Agen, a été beaucoup sollicitée. Les témoins s'y sont succédé, en ce quatrième jour du troisième procès de Mekki Boughouas-Campagne(1). Il est accusé du meurtre et du vol avec arme de Julien Fernandez, le directeur artistique de la discothèque La Roue, en 2008 à Pamiers. Ces faits, l'accusé les reconnaît en partie : il nie avoir porté les quarante-deux coups de couteau au jeune homme. Et comme tous les jours du procès, les débats ont mis en lumière le déroulement de ces faits. Jusqu'aux gestes de l'accusé après le dimanche du meurtre.
La barre est au centre de l'attention. Quand la personne qui hébergeait Boughouas-Campagne dépose, par exemple. L'homme raconte que ce dimanche 13 janvier, il le voit faire sécher du linge — l'accusé dit qu'il ne l'a pas lavé ce jour-là. Dans la maison, l'ancien portier de la discothèque a laissé un fusil et une serviette tachés du sang de la victime.
Ce jeudi matin, il est surtout question d'une jeune femme. La petite amie de l'accusé, en 2008. Comme souvent à l'époque, il se rend à Rivesaltes après les faits. Son amie habite là, dans les Pyrénées-Orientales.
Celui qui avait rarement du liquide en poche porte alors «une liasse de billets», et dit à sa compagne qu'il a de l'argent, «maintenant». Il lui parle d'ailleurs du vol, dit qu'il s'est «bien» déroulé, mais pas le 13 janvier.
«Je ne savais pas de quoi il était capable», souffle celle qui était lycéenne à l'époque.
L'intermède à Rivesaltes ne dure pas : Boughouas-Campagne doit rentrer en Ariège. «Il m'a juste dit qu'il devait aller à Pamiers parce qu'on l'accusait de quelque chose qu'il n'avait pas commis», retrace la jeune femme en visioconférence.
«Un couteau qui se referme»
L'ancienne amie dépose pendant plus d'une heure. Au moment des faits, elle est «la personne la plus proche» de l'accusé. Du coup, les avocats l'interrogent longuement. «Avez-vous déjà vu M. Boughouas en possession d'une arme blanche ?», laisse tomber Me Emmanuel Tricoire, l'un des conseils des parties civiles. «Il me semble qu'il avait un couteau, dit la jeune femme. Je ne sais pas comme ça s'appelle, c'était un couteau qui se referme». Plus tard, Annie Cautres rebondit. Mekki Boughouas-Campagne nie : «Je n'avais jamais de couteau sur moi». Sauf «un couteau suisse, dont je me servais pour manger». «Quand vous montez sur le vol, vous avez un couteau ?», relance Annie Cautres. «Non, Madame la présidente». Le verdict est attendu aujourd'hui.1) La décision d'appel qui le condamne à trente ans de réclusion a été cassée par la Cour de cassation pour «insuffisance de motivation».
http://www.ladepeche.fr/article/2014/12/05/2005463-meurtre-roue-savais-quoi-etait-capable.html
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