mardi 17 février 2015

Carlton de Lille : la relaxe "pure et simple" requise pour DSK

Sans aucune surprise, le parquet de Lille a requis mardi après-midi la relaxe "pure et simple" pour l'ancien directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, dans le procès pour proxénétisme aggravé dit du Carlton.
"Ni l'information judiciaire, ni l'audience" n'ont permis d'établir l'infraction de proxénétisme aggravé pour Dominique Strauss-Kahn, a argumenté mardi après-midi le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre, avant de demander la relaxe "pure et simple" pour l'ancien patron du FMI, juge depuis deux semaines pour proxénétisme agravé. Un réquisitoire qui s'inscrit dans la continuité du non-lieu requis par le parquet de Lille avant le renvoi en correctionnelle de l'ancien favori socialiste à l'élection présidentielle de 2012. Ce sera désormais au tribunal de trancher. En théorie, ce dernier risque jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende. 
A aucun moment pendant les deux premières semaines du procès, le ministère public n'a brusqué M. Strauss-Kahn. Attitude qui a été largement interprétée comme une indication qu'il restait dans la droite ligne du non-lieu qu'il avait lui-même requis en juin 2013, estimant qu'il n'existait "pas de charges suffisantes" pour renvoyer l'ancienne vedette politique devant un tribunal.
La "conviction" ne suffit pas
Les avocats des parties civiles ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : aucun d'entre eux n'a réclamé de condamnation à l'encontre de DSK, lundi, lors de l'audience consacrée à leurs plaidoiries. Me Gilles Maton, qui épaule son collègue Me Gérald Laporte auprès des anciennes prostituées Mounia et Jade, qui ont eu des relations sexuelles avec DSK largement évoquées au procès, a ainsi déclaré "penser comprendre" que le parquet demanderait la relaxe.
Il a même renoncé à obtenir réparation de lui, tout comme son confrère, Me David Lepidi, qui défend l'association Equipes d'action contre le proxénétisme. "Nous avons la totale conviction que M. Strauss-Kahn savait pertinemment qu'il avait affaire à une prostituée, tous les indices militaient en faveur de cette conviction (...) mais devant un tribunal correctionnel, la question de l'intime conviction ne se pose pas, il faut des éléments de preuve", a expliqué Me Maton aux journalistes à l'issue de l'audience.
"Nous travaillons avec le code pénal, mais pas le code moral"
Au début de son réquisitoire, mardi, le procureur avait évoqué des "pratiques"  qui sont celles "d'un groupe d'amis", mais pas, estime-t-il d'un "réseau  mafieux".
"Ce qui m'a frappé, c'est l'absence totale de considération pour les femmes qui sont reléguées au simple (état) d'objet de plaisir", observe encore Frédéric Fèvre dans un premier bilan des débats. Tout comme le président du tribunal Bernard Lemaire en avait rappelé la nécessité en début du procès, Frédéric Fèvre s'en tient néanmoins à la loi. "Nous travaillons avec le code pénal, mais pas le code moral",  souligne-t-il.

Un réquisitoire clément pour les autres ?
Le parquet a ensuite commencé à énumérer ses réquisitions avec une sévérité proportionnelle à ce qu'il estime avoir été le rôle de chacun des 14 prévenus.
Dominique Alderweireld, mieux connu sous le surnom de Dodo la Saumure : lle procureur a requis deux ans de  prison, dont un avec sursis, et 10.000 euros d'amende pour celui qui compte déjà 13 condamnations à son casier, dont deux pour proxénétisme en France. "Le tableau qu'il nous dresse de ses établissements est idyllique, mais du Déjeuner sur l'herbe de Manet on passe rapidement à Guernica de Picasso", quand Jade explique que les filles y étaient présentées comme "de la viande sur des esses de boucher", assène Frédéric Fèvre. "Le boss c'est lui", dit-il encore.

Béatrice Legrain. Contre la compagne de Dodo, "coacheuse" des jeunes femmes, il a requis 3 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende.
A l'encontre de Fabrice Paszkowski et David Roquet, entrepreneurs amis de DSK qui recrutaient les prostituées et organisaient les soirées, faisant payer leurs factures par leurs sociétés, le parquet a requis à chaque fois deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende.
L'ami de longue date de Dodo, René Kojfer, ancien chargé des relations publiques de l'hôtel Carlton, celui par lequel toute l'affaire a commencé, s'attire également les foudres du ministère public, qui ne demande cependant pas de peine de prison ferme à son encontre. Qualifié de "sergent-recruteur de la prostitution lilloise" au sens des affaires aiguisé - il exigeait des prostituées qu'il mettait en relation avec des clients soit une prestation gratuite, soit un pourcentage sur la location de la chambre, explique le procureur -, René Kojfer voit requérir à son encontre  15 mois avec sursis et 2.500 euros d'amende.

Le policier Jean-Christophe Lagarde voit le parquet requérir contre lui  trois mois avec sursis et 5.000 euros d'amende, pour recel d'escroquerie. L'avocat Emmanuel Riglaire semble quant à lui bénéficier des contradictions des témoignages sur sa relation avec Mounia, dont il était à la fois l'amant et le client occasionnel. Mais pour lui avoir fait rencontrer David Roquet, avec lequel elle a eu une relation tarifée, le parquet demande 3 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende. Du côté du proxénétisme "hôtelier", huit mois de prison avec sursis et  10.000 euros d'amende ont été requis contre Hervé Franchois, ancien propriétaire de l'hôtel Carlton, et Francis Henrion, pour avoir profité du réseau de prostituées de différentes façons.
 
http://lci.tf1.fr/france/justice/carlton-de-lille-la-relaxe-pure-et-simple-requise-pour-dsk-8565664.html

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