dimanche 1 février 2015

Procès du Carlton de Lille : ce que les juges reprochent à DSK

DSK, un proxénète ? Accolé aux initiales de l'ancien patron du FMI, le terme surprend. L'ex-étoile montante du PS va pourtant être jugée à Lille à partir de demain, comme la plupart des 13 autres prévenus du dossier dit du Carlton, pour le délit de « proxénétisme aggravé » commis « en réunion ».
Au contraire du parquet, qui avait requis un non-lieu en sa faveur en juin 2013, les juges d'instruction ont estimé que les éléments constitutifs de cette infraction, punie de dix ans de prison et 1,5 M€ d'amende, étaient bel et bien réunis à son encontre. Il ne s'agit pas d'une « croisade morale », soulignent-ils dans leur ordonnance de renvoi de 210 pages, rappelant que nombre des comportements sexuels évoqués, pour DSK comme pour les autres, « n'intéressent pas le droit pénal ». Mais de l'application de la loi « au regard d'éléments et d'indices concrets », avancent-ils. Selon eux, DSK était le « pivot central » de rencontres sexuelles qui favorisaient la prostitution. Décryptage.

« DSK savait »
De Bruxelles à Washington en passant par Lille et
Paris, l'enquête a recensé la participation de DSK à une quinzaine de rencontres sexuelles avec des prostituées entre 2007 et 2011. Devant les juges, il ne s'est jamais caché de son goût pour le libertinage, admettant au moins une rencontre par trimestre. En revanche, et cela est essentiel à sa défense, il affirme avoir toujours ignoré que ces femmes étaient recrutées et rémunérées par ses amis du Nord, les entrepreneurs Fabrice Paszkowski et David Roquet. Les magistrats instructeurs concluent au contraire qu'il « savait qu'(elles) étaient des prostituées ». Selon eux, « une véritable loi du silence » sur le statut des filles, visant à protéger l'homme politique, avait été instaurée -- une « omerta », dit l'une d'elles. « Il ne fallait pas [lui] dire que nous étions payées », a témoigné une autre. « Franchement, patron de la banque du monde, il ne faut pas exagérer ni avoir un bac +10 pour comprendre. Il aurait été patron d'une boucherie, [...] il n'aurait pas eu ces filles autour de lui [...]. Que pouvaient-elles faire là avec un type bedonnant, trente ans plus âgé et rustre ? » assène une troisième.
Des « besoins sexuels hors norme »

Pour les juges, le comportement de DSK, faisant montre de « besoins sexuels hors norme » durant ces rencontres, où il n'y avait quasiment que des femmes seules, démontre aussi qu'il ne pouvait ignorer avoir à faire à des prostituées. « Lors de cette soirée, il a dû avoir entre dix ou quinze relations avec des filles différentes [...] tout le monde a été surpris », témoigne un participant à une partie belge, convaincu que « vu son âge, il devait prendre du Viagra ». Des prostituées parlent « d'abattage », de « carnage », « d'amas de corps sur des matelas » et de « pure consommation sexuelle » n'ayant « rien à voir avec des soirées échangistes ». Plusieurs évoquent sa brutalité et son appétence pour des rapports sexuels de type sodomie, sans préservatif -- preuve, pour les juges, de « la nécessité de recourir à des professionnelles ». « Dans une relation sexuelle tarifée, il y a un dominant et un dominé [...]. Il n'était pas question d'envisager de lui dire non », explique l'une des filles.

Le « roi de la fête »
« Veux-tu venir découvrir une magnifique boite coquine à Madrid avec moi (et du matériel) le 4 juillet », écrit DSK à Paszkowski dans l'un des multiples SMS qu'ils échangent entre 2009 et 2011. Ces messages, où les filles sont désignées aussi comme « cadeau », « copines » ou « candidates », et qui sont le prélude à leur recrutement par ses amis nordistes, montrent que DSK « était l'instigateur de ces soirées », affirment les juges. « Pivot central et principal bénéficiaire, parfois exclusif, de ces rencontres sexuelles » où il était invité, DSK, qu'une prostituée décrit comme « le roi de la fête », aurait initié « la mise en place d'un système fondé sur la complaisance de son entourage » — un système dédié à assouvir sa sexualité et favorisant la prostitution.

L'appartement avenue d'Iéna
La loi punit, comme aide à la prostitution, « la mise à disposition de locaux privés ». En l'occurrence, plusieurs soirées se sont déroulées dans un appartement avenue d'Iéna à Paris, dont DSK était le locataire discret, son nom ne figurant pas sur le bail. « Il suffit [qu'il] ait servi une seule fois [à une telle soirée] pour que celui qui a mis le bien à disposition soit mis en cause », expliquent les juges.

http://www.leparisien.fr/politique/pour-79-des-francais-dsk-aurait-fait-un-meilleur-president-que-hollande-31-01-2015-4495605.php

Aucun commentaire: