mercredi 18 mars 2015

«Jamais je n'ai imaginé tuer ma sœur»

Après une très longue deuxième journée d'audience, Matthias Belmon a évoqué le crime hier soir. Avec ses trous de mémoire, ses flashs, ses doutes et sa violence.
Donner la parole à Matthias Belmon pour qu'il raconte «les faits», son crime, «cet acte terrifiant» tel qu'il le qualifie, c'est accepter de plonger dans des trous d'air, des souvenirs plus ou moins fiables, des flashs. «Un collage», illustre habilement l'accusé. «Entre les choses dont je me souviens, celles que j'ai lues dans le dossier, celles que l'on m'a dites… Cela se mélange et à la fin, je ne sais plus ce qui est vraiment vrai», s'excuse cet homme de 38 ans, accusé d'avoir assassiné sa sœur, Stephan, le 17 octobre 2011 à Cahors.
La présidente Michelle Salvan s'agace de ce récit à trous mais, finalement, est-ce une ruse de défense ou l'inconscient qui refuse à Matthias Belmon d'accéder à l'atrocité d'une scène dont il ne nie pas la violence ? «J'ai beaucoup travaillé en prison là-dessus avec les psychiatres, les psychologues. Je n'y arrive pas. À chaque fois je ressens une immense douleur mais des images précises du déroulement des faits, du moment où je l'ai étranglée, je n'en ai pas.»

Au bord du suicide

Longtemps Matthias Belmon a pensé avoir débarqué chez sa sœur vers 6 heures. C'était en réalité vers 3 heures. Pour lui, la motivation était claire. «Je devais lui parler. C'était obsédant. Je pense qu'elle aurait compris ma détresse, mon mal-être. Avec Stéph nous étions en désaccord mais on se comprenait.» Il voulait lui dire son mal-être, la pression trop forte, la nécessité qu'elle aide davantage à la direction des sociétés. Le tout sur fond d'un deuil, celui du père, décidément pas réglé. Il a débarqué chez Stéphan, l'a appelée, elle est descendue, le reste est flou… Ses premières déclarations, «les plus spontanées» dit la présidente avec raison, racontent qu'il l'a d'abord étranglée avec ses mains avant de lui passer une corde autour du cou et de serrer. Définitivement.
«Je ne veux pas me défausser mais pas un instant je n'ai imagé, conceptualisé, la mort de ma sœur. Même dans cet état second, je ne voulais pas la tuer.»
Après, «une fois que j'ai réalisé», il a fui, effectué un aller-retour à Goujounac, pris sans doute un fusil. «Je n'ai aucun souvenir de cet aller-retour. Je voulais fuir, partir, retrouver papa et Steph. Mon acte était tellement insupportable. Je ne veux plus vivre. J'ai eu un laps de lucidité, une reprise de conscience. J'ai pensé à mes enfants. Si je ne me suis pas suicidé, c'est pour eux.»

http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/18/2069219-jamais-je-n-ai-imagine-tuer-ma-soeur.html

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