jeudi 19 mars 2015

La mère à la barre : «La haine s'était installée chez Matthias

Stéphan Belmon a été très présente hier devant la cour d'assises du Lot, grâce aux témoignages de ses proches qui n'ont pas cherché à dévaloriser l'accusé. En revanche, le nouveau témoignage de leur mère, Françoise Belmon, sonne comme le plus terrible des réquisitoires.
«C'est une question de pouvoir, de rivalité. Je n'ai pas su le voir…» La femme qui parle à la barre, avec une extrême dignité, tient un rôle impossible : mère de la victime et mère de l'accusé. Depuis lundi, Françoise Belmon regarde régulièrement son fils dans le box de la cour d'assises du Lot avec des interrogations plein les yeux. Hier soir, elle a apporté ses réponses. Vingt minutes de témoignage pour d'abord parler des années «bonheur» : l'enfance, les études, les voyages, le retour du fils et de la fille dans le Lot pour travailler avec leurs parents. «Un choix qui nous a surpris avec mon mari.»
«Matthias est revenu dix ans après être parti. Stéphan était déjà là. Elle a commencé au Smic à l'agence immobilière, à Cahors. Matthias travaillait à Goujounac. Ils ne se croisaient pas. Moi, je partageais davantage de choses avec Stéphan, l'opéra, les ballets. Le rugby, c'est vrai, ça n'a jamais été trop mon truc.»

«Oui c'était prémédité !»

Rien d'exceptionnel. Mais avec les questions de la présidente Michelle Salvan, cette mère courage va en quelques minutes éclairer ce drame sous une lumière qui ne s'alimente ni dans la folie incompréhensible, ni dans les benzodiazépines, ni dans l'alcool. «Que s'est-il passé ? Je ne le sais pas. Le pouvoir, la rivalité… Tous les deux voulaient La Maison Personnalisée, la société la plus rentable. Stéphan a fini par comprendre qu'il fallait céder. Peut-être trop tard. La haine s'était installée chez Matthias. Chez elle, je ne crois pas.»
«Pensez-vous que la mort de votre fille soit un acte réfléchi ?» questionne la présidente.
«Quand les policiers ont ouvert le coffre de la Yaris, la voiture utilisée par Matthias cette nuit-là, j'ai compris. Comment prendre tout ça sans réfléchir : la corde, les gants, la cagoule, ces habits, ce déguisement ! Jamais je n'ai vu mon fils s'habiller comme ça. Oui, c'était prémédité. Si je n'avais pas vu cette fouille, jamais je ne l'aurai cru.»
Hébété, Matthias Belmon accuse la charge. Les jurés ne le quittent pas des yeux. L'atmosphère est étouffante. Et Françoise Belmon enfonce encore. L'avocat général lie la dégradation des relations entre frère et sœur à la mort du père mais cette femme rétorque : «Ce n'est pas suite au décès, c'est avant, quand ils luttaient pour se mettre d'accord. Chacun voulait la société qui rapporte ! Pourtant, ils étaient complémentaires : Matthias à l'architecture, Stéphan au commercial. Pour moi, c'était une évidence. Stéphan ne méritait pas de mourir. Cette rivalité n'aurait pas dû exister. Non, elle n'aurait pas dû exister.»
Assommé, Matthias Belmon a balbutié : «Les explications de cette semaine, elle ne veut pas les entendre…» Puis il a parlé de l'amour des mères et s'est effondré.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/19/2069703-la-mere-la-haine-s-etait-installee-chez-matthias.html

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