mardi 3 mars 2015

Naufrage mortel sur la Seine en 2008 : le procès se poursuit ce mardi

Le procès du naufrage d'une petite embarcation qui avait coûté la vie en 2008 à deux personnes au cours d'un naufrage s'est ouvert lundi au tribunal correctionnel de Paris. Il doit se poursuivre mardi.
Les faits remontent à 2008. Le samedi 13 septembre de cette année-là, une petite embarcation, L'Alcyone, est coulée devant Notre-Dame de Paris par un énorme bateau-mouche, La Besogne. Deux personnes trouvent la mort dans le drame qui s déroule à hauteur de l'île de la Cité, au niveau d'un passage rétréci à sens unique de navigation.
Projeté contre un des piliers de l'arche centrale du pont de l'Archevêché, L'Alcyone, dans lequel se trouvaient douze passagers, sombrait immédiatement. Deux d'entre eux, le pilote et un enfant de six ans, restés emprisonnés dans l'embarcation, n'ont pas pu être réanimés.
Le pilote du bateau-mouche comparaît pour "homicides et blessures involontaires", "navigation à une vitesse excessive" et "usage de stupéfiant", l'homme ayant été contrôlé positif au cannabis. "En sortant du Petit Pont, j'ai vu les feux d'un bateau près du pont de l'Archevêché. Vu la distance qui nous séparait (plus de 250 mètres), s'il naviguait normalement, il avait largement le temps de passer avant que je ne le rattrape", a expliqué à la barre Florent Bonnin, 47 ans, costume cravate sombre sur chemise blanche.
"Après, si je ne l'ai plus vu, c'est peut-être qu'il n'était pas visible", a avancé le pilote. L'homme avait auparavant expliqué que la timonerie de son bateau se trouvant à l'arrière, lorsque les touristes étaient debout pour photographier Notre-Dame, il ne voyait rien et était obligé de se fier à une caméra fixée à l'avant. "Peut-être qu'à ce moment-là, je me suis trop focalisé sur les autres caméras sur le côté gauche car le pont de l'Archevêché est particulièrement étroit à passer", a-t-il concédé.
"C'est mon territoire"



Les dix survivants de L'Alcyone et la famille des deux victimes se sont constituées parties civiles. Dans la salle d'audience, deux maquettes, disposées sur un bureau, montrent l'énorme différence de taille entre La Besogne long de 60 mètres et L'Alcyone, 9 mètres. "Pour ces grands bateaux-mouches, c'est « je suis chez moi, c'est mon territoire et toi, tu n'es rien, tu n'as rien à faire là", a expliqué à la barre Gilles Renard, marin et passager de L'Alcyone selon qui l'accident pourrait se résumer à "une intimidation qui a mal tourné". "Si La Besogne avait baissé son régime, il ne se serait rien passé", a-t-il assuré.
La présidente a rappelé les règles fluviales sur cette portion de la Seine qui encadrent la vitesse de navigation entre 6 et 12 km/h, avec interdiction de doubler et respect obligatoire d'une distance de sécurité entre deux bateaux. "Rares sont les bateaux-mouches qui respectent ces distances, surtout le
samedi soir où la Seine est une autoroute. Il faudrait deux heures sinon pour
faire notre boucle", a reconnu Florent Bonnin.
Si L'Alcyone évoluait à 6 km/h selon Gilles Renard, aucune estimation réelle de la vitesse du bateau-mouche n'a été présentée. La présidente s'est étonnée que les bateaux-mouches ne soient pas équipés de compteurs de vitesse. Elle a également souligné qu'une partie variable du salaire des équipages de la compagne dépendait du nombre de boucles effectuées (32 euros par tour), ce qui, selon elle, pourrait expliquer l'allure adoptée par les pilotes. "On ne donne à nos pilotes aucune consigne, ils sont les seuls maîtres à bord", a assuré aux enquêteurs un responsable de la compagnie.
 

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