lundi 27 avril 2015

Relaxe pour l’évadé malchanceux

Daniel K. joue gros ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Nancy. Car ce détenu de 36 ans de la prison de Nancy-Maxéville doit en principe sortir dans quelques jours. A condition bien sûr qu’il ne prenne pas une nouvelle peine de prison ferme.
Il est jugé pour une rocambolesque affaire d’évasion. Le mot « évasion » étant à prendre au sens juridique du terme. Il n’a pas scié les barreaux de sa cellule, ni creusé un tunnel. Il s’est contenté de ne pas réintégrer le centre pénitentiaire à temps alors qu’il bénéficiait d’une permission de sortie pour chercher du boulot.

Un visage signé Picasso

C’était le 14 mars dernier. Daniel K. devait revenir à 18 h en prison. Mais alors qu’il était sur le chemin du retour, à pied, il est rentré dans un poteau. Un moment de distraction, selon lui. Il était en train d’envoyer un SMS à son ex, il n’a pas vu le poteau et boum. Les policiers penchent, eux, pour un abus d’alcool. Dans leur procès-verbal, ils affirment en effet qu’il avait 2 grammes.
« Selon la police, le prévenu est censé avoir 2 g à 19 h et ensuite il a dû souffler dans le ballon vers 3 h du matin et il n’avait plus que 0,15 g. Cela voudrait dire qu’il a éliminé 1,85 g en 8 heures, ce qui serait un record du monde », ironise l’avocat du prisonnier, Me Matthieu Dulucq, qui dénonce une affaire « absurde ».
C’est vrai que l’alcool n’est pas la seule bizarrerie de cette histoire.
Ivre ou pas, après s’être tapé le poteau, le détenu s’est retrouvé dans les vapes et a dû être hospitalisé. Mais vers 2 h du matin, il a eu un petit creux. Il est sorti de l’hôpital en douce pour aller s’acheter un kebab. Il a ensuite voulu rentrer. Pas de bol, les portes de l’hôpital étaient closes.
Il est donc parti… au centre pénitentiaire où il est arrivé vers 3 h du matin, soit avec onze heures de retard. Suffisant pour la substitut du procureur, Sabine Marthouret, pour le considérer comme un évadé. Et de requérir 3 mois de prison ferme supplémentaire.
Dans une plaidoirie inspirée, l’avocat de la défense tente d’arracher la relaxe en avançant des arguments de droit tout en faisant rire la galerie. Me Dulucq rappelle notamment que son client est poursuivi par une incroyable malchance dans cette histoire. Quelques jours avant de s’ouvrir une arcade sourcilière contre le poteau, il s’était ouvert l’autre arcade en tombant du lit à étage de la cellule où il venait d’être transféré.
« Lorsque je l’ai vu en garde à vue, son visage était un chef-d’œuvre cubisme. On aurait dit un tableau de Picasso », lâche Me Dulucq.
Au final, le tribunal n’a pas voulu rajouter une nouvelle tuile dans la série noire vécue par son client. Jugement : relaxe.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/04/27/relaxe-pour-l-evade-malchanceux

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