samedi 2 mai 2015

Bouzanville : un an de prison avec sursis pour avoir scalpé sa fille

Bouzanville. « C’est elle qui est venue m’agresser dans mon hangar, me tirer les cheveux. Je ne l’ai pas touchée, je n’ai fait que la tenir éloignée de moi ! » La quinquagénaire à la barre ne lâche rien. La présidente, Fabienne Nicolas, non plus : « Vous avez l’air d’avoir tous vos cheveux sur la tête vous, contrairement à elle ! »
Sur le banc des parties civiles a pris place la fille de la prévenue, une jeune femme de 29 ans à la longue chevelure certes, mais au crâne dégarni sur une bande de 10 cm X 4. Œuvre de sa propre mère, qui l’a littéralement « scalpée » le 18 mars dernier. Après une dispute échevelée.
L’affaire avait été appelée, le 20 mars, puis renvoyée à la demande de Me Strohmann. L’avocat de la défense estimait que tous les témoins de cette rixe n’avaient pas été entendus et obtenu du tribunal l’audition de deux voisins. Lecture faite hier de celles-ci, on n’apprenait pas grand-chose. Personne n’a vraiment assisté à la scène, hormis les protagonistes, mère et fille, qui se sont empoignées dans le hangar de la première.
« Vous n’avez pas honte de ce spectacle ? C’est votre fille quand même », tente de la raisonner Fabienne Nicolas. « Et je suis sa mère », rétorque sèchement la prévenue dont on mesure le tempérament volcanique.

« Chronique d’une cour d’assises annoncée »

La vie n’est pas tranquille à Bouzanville, petit village du Saintois d’à peine 100 âmes. L’ambiance est même délétère entre les membres de cette famille. La prévenue et son ex-mari se déchirent depuis leur séparation intervenue en 2001, mêlant à leurs démêlés leurs deux enfants. « Je n’ai pas voulu signer le partage, c’est pour ça qu’elle est venue m’insulter… », justifie la mère.
« La juridiction civile aurait toute sa place à la barre aujourd’hui ! 15 ans après, il n’y a toujours pas eu de liquidation de la communauté », s’agace Me Strohmann, à la défense de la quinquagénaire.
Depuis tout autant d’années, les incidents familiaux se multiplient. Au grand dam des voisins, des gendarmes et de la justice, « instrumentalisée », tance Virginie Girard, vice-procureur. Elle ne se mêle pas du fond, renvoie chacun dos à dos : « On est au cœur d’un contentieux patrimonial avec des terres et des personnes âpres au gain. C’est une famille de fous ! » Ceci posé, rien n’excuse à ses yeux, la violence de la mère de famille, « sûre de son bon droit ». Elle requiert 18 mois de sursis et mise à l’épreuve. Espérant que cela signe un pacte de non-agression. Et non « la chronique d’une cour d’assises annoncée ». Le rapport d’expertise psychiatrique n’est pas brillant. Le sondeur d’âme a relevé une tendance à la victimisation chez l’agricultrice et une certaine dangerosité criminelle.

« Racines fragiles »

« Nous sommes sur une poudrière. J’ai peur que ça aille plus loin… », opine Me Sylvie Mennegand, pour la partie civile. « A défaut d’amour maternel, ma cliente aspire aujourd’hui à la paix », poursuit le conseil, exhibant l’impressionnante touffe de cheveux arrachée du crâne de sa cliente, dernier avatar de la saga familiale infernale.
Me Strohmann plaide la relaxe. Elle juge la riposte, proportionnelle à l’attaque. « Et puis, elle souffre vraisemblablement d’un problème de racines fragiles », prétend-elle encore sans rire en désignant la fille de la prévenue.
Le tribunal n’a pas la même appréciation capillaire et condamne la mère irascible à un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve. Elle a notamment interdiction de rencontrer sa victime et devra lui verser 3.000 €.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-agglomeration/2015/05/02/bouzanville-une-famille-de-fous

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