samedi 30 mai 2015

Charente-Maritime : accusés de 27 cambriolages, ils clament leur innocence

Sept cambriolages pour la seule journée du 3 juin 2012 en sept lieux différents, de La Ronde à Arvert en passant par Saint-Ouen et Marennes. Plus quatre autres le 14 juillet suivant à Angoulins, Charron, Saint-Rogatien… Et d'autres encore, une quinzaine en tout, dans des habitations, des entrepôts, des garages
Ces stakhanovistes de la cambriole s'appellent Francky, 33 ans, et Michaël, 35 ans. Il leur est reproché pas moins de 27 vols au total, commis entre juin et septembre 2012, de jour comme de nuit. Le butin est très divers, ordinateurs, appareils photo, bijoux, argent, jusqu'à une collection de timbres estimée par son propriétaire à plus de 300 000 euros. Leurs victimes, curieusement, se recrutent pour beaucoup dans les métiers de la mer, ostréiculteurs, pêcheurs, mareyeurs, poissonniers… Sans doute est-il plus facile de repérer leurs habitudes et de savoir quand ils sont absents de leur domicile.
C'est d'ailleurs l'un d'eux qui a mis les gendarmes sur la piste du duo, inquiet d'avoir été suivi à plusieurs reprises par le même 4x4 lors de ses déplacements. De filatures en écoutes téléphoniques, de géolocalisation en perquisitions, la piste a abouti aux camps pour gens du voyage de Lagord et de Dompierre-sur-Mer. Des objets volés ont été retrouvés dans la caravane de l'ex-compagne de Francky. Michaël a été vu dans le véhicule volé qui servait aux cambriolages.

Pas de portable

Seulement, les deux hommes protestent comme de beaux diables. Ils n'ont rien, mais strictement rien, « à voir avec tout ça. » « Je n'ai pas de portable ! » s'exclame Francky. « J'étais sur des chantiers ! » se défend Mickaël qui, après une dizaine de condamnations pour vols se dit rangé des voitures : « Je travaille comme autoentrepreneur dans le bâtiment. »
Tous deux s'énervent. « Les gendarmes disent qu'ils ont filé les cambrioleurs dans leur voiture. Pourquoi ils ne les ont pas arrêtés alors ? Ils auraient vu que ce n'était pas nous. Et puis pourquoi on n'a pas été confrontés aux gens qui ont témoigné nous avoir vus ? »

« Quelles preuves ? »

Pour le procureur, Igor Souchu, la cause est entendue. L'enquête des gendarmes a établi « des faits, pas des suspicions », et il ne sert à rien « de nier l'évidence. » Ses réquisitions : 30 mois de prison ferme pour Francky (qui purge actuellement une autre peine) et un an, sans mandat de dépôt, pour Michaël.
« Certes, ils sont tout à fait capables de l'avoir fait, rétorque la défense, leur palmarès le démontre. Mais rien ne prouve qu'ils l'ont fait. Un casier judiciaire chargé ne suffit pas à établir la culpabilité. » Pas de flagrant délit, pas d'empreintes, pas de traces ADN, des témoignages évasifs, les enquêteurs ont suivi « leur idée préconçue », affirme Jean-Michel Balloteau, l'avocat de Francky. « S'ils les avaient interpellés sur le coup, oui ! Mais là il n'y a qu'imprécisions, incohérences, suppositions. »
Pendant une demi-heure, Me Balloteau s'est ingénié à instiller le doute. Non sans succès. Au terme d'un délibéré de deux heures - le temps de reprendre un par un les 27 dossiers -, le tribunal n'a retenu la culpabilité de Francky que sur sept cambriolages, et celle de Michaël que sur trois. 18 mois de prison ferme pour le premier, 5 mois pour le second.

http://www.sudouest.fr/2015/05/30/la-verite-si-je-mens-1936116-1391.php

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