mercredi 27 mai 2015

Décès d'un patient : un an d'interdiction d'exercer requis contre le chirurgien

Jean-Noël Borowezyk était venu pour une infection urinaire. Mais l'ex-boxeur montalbanais de 47 ans n'est jamais rentré à la maison. Il est décédé en septembre 2010 des suites d'une intervention chirurgicale à la clinique du Pont de Chaume de Montauban. Le chirurgien qui l'a opéré comparaissait hier pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de la même ville (lire aussi notre édition d'hier).
Le ministère public a requis dix-huit mois de prison avec sursis à son encontre, ainsi qu'un an d'interdiction d'exercer. Au terme de près de trois heures d'audience, le jugement a été mis en délibéré au 30 juin.
Le Dr Laurent Goldblatt était donc jugé pour avoir commis un «mauvais geste opératoire» après l'ablation d'un rein. En agrafant par erreur deux artères, le praticien a provoqué une nécrose d'organes vitaux. Elle a été fatale au patient qui a succombé après deux jours d'agonie.

Faute selon le tribunal, «accident inhérent» pour la défense

Dans son échange avec le président du tribunal, l'urologue admet cette seule erreur technique avec les agrafes. En revanche, il réfute toutes les autres accusations. A commencer par le diagnostic qu'il a posé : «Il est plus facile d'enlever un rein que de le réparer», assure-t-il. Le chirurgien a justifié ensuite le fait de ne pas s'être déplacé au chevet du patient qui commençait à souffrir le martyre dans son lit. «Pour moi, l'intervention s'était déroulée sans problème. Une autre équipe médicale était chargée du suivi.» Pas question non plus de laisser planer un doute sur sa compétence à pratiquer ce type d'intervention. «Ici, on est à Montauban. Il y a des choses qu'on ne fait pas tout le temps dans la vie. Ce n'est pas pour cela qu'on ne doit pas se sentir en capacité de les faire.»
Très combatif à la barre du tribunal, le prévenu s'est adressé aussi à la famille. «J'ai toujours agi avec beaucoup d'honnêteté et de professionnalisme. Je n'ai pas agi par négligence» a-t-il dit aux trois enfants et aux sœurs. Pour la défense, Me François Musset a plaidé pour un «authentique spécialiste. On n'a pas à faire à un débutant. C'est un accident. Une cause rare, mais inhérente à ce type d'intervention.»
Bien évidemment, les avocats des parties civiles, Me Courtois pour les enfants et Me Frédérique Turelle-Bayol pour les sœurs sont sur un tout autre registre. «Il n'y avait aucune urgence à pratiquer cette ablation qui a été décidée au dernier moment. Peut-on parler, dans ces conditions, de consentement ?» 15 000 € seront demandés pour chacune des deux sœurs, ainsi que 35 000 € pour chacun des trois enfants et 80 000 € au titre des souffrances endurées et morales. La Caisse d'assurance maladie s'était également portée partie civile pour un montant avoisinant les 6 000 €.
De son côté, le représentant du parquet a estimé qu'il avait eu «faute», tout en s'appuyant sur les rapports d'expertise. «Une succession même de fautes, d'imprudence et négligence», a-t-il poursuivi avant de requérir dix-huit mois de prison avec sursis et un an d'interdiction d'exercer contre le chirurgien. La famille qui se bat depuis cinq ans pour que ce procès ait lieu va maintenant attendre le verdict qui sera prononcé le 30 juin.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/05/27/2112619-un-an-d-interdiction-d-exercer-requis-contre-le-chirurgien.html

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