mardi 26 mai 2015

Le procès d'une tragique erreur médicale

«Pour ses trois orphelins (Alex, Mathoé et Ludovic respectivement aujourd'hui âgés de 13, 16 et 24 ans), il faut que la vérité éclate» lâche, sans complaisance et encore tourmentée par la disparition de son frère, Sylvie Borowezyk qui se bat depuis le 13 septembre 2010 avec son avocate Frédérique Turella-Bayol pour que les «erreurs médicales qui ont mené au décès de Jean-Noël soient reconnues et que ce praticien qui exerce toujours à Montauban soit, enfin, rayé de l'ordre des médecins (1).» Le tribunal correctionnel examine aujourd'hui les faits.
Une affaire où l'urologue montalbanais qui a été mis en examen par la juge d'instruction Florence Bru pour homicide involontaire et qui s'est attaché les services d'un cabinet d'avocats lyonnais spécialisés dans le domaine de la santé, risque gros. Lancée seulement trois jours après le décès du quadragénaire, l'instruction judiciaire a, en effet, confirmé après l'exhumation du corps et une série d'expertises et de contre-expertises médicales que le chirurgien aurait bien commis des erreurs et des négligences manifestes lors de cette opération et lors du suivi post-opératoire ayant causé la mort de Jean-Noël Borowezyk, trois jours après son opération.

Entré pour une cœlioscopie sur sa vessie, il ressort avec un rein en moins

Hospitalisé le 9 septembre 2010 à la clinique du Pont-de-Chaume pour un problème urinaire, le Montalbanais de 47 ans qui devait subir une cœlioscopie à cet endroit, se retrouvait finalement au bloc pour une opération bien plus lourde : une néphrectomie, c'est-à-dire l'ablation de l'un de ses reins. Une décision pour le moins «discutable» selon les propres termes des inspecteurs diligentée par l'Agence régionale de santé (ARS) pour faire la lumière sur ce décès que le patient ne souffrait d'aucune «maladie pathologique, ni infection urinaire». L'instruction judiciaire mettre aussi en doute le savoir-faire du chirugien pour ce type précis d'opération. «Mon frère était sourd depuis sa naissance, je suis certaine qu'il n'a pas compris ce qui se passait» assure Sylvie qui va jusqu'à contester que l'information médicale sur l'ablation du rein ait été donnée à son frère. Aux choix «contestables» de l'opération et au manque d'expérience du chirurgien, c'est une lourde erreur médicale qui serait à l'origine de la mort de l'ancien boxeur montalbanais. «Le professeur Chauffour qui a opéré en dernier mon frère et en urgence à Rangueil, a confirmé que ce chirurgien avait agrafé (2) par erreur après la néphrectomie, l'artère intestinale et celle du foie» relate Sylvie Borowezyk. Une grave erreur médicale qui a provoqué en trois jours la nécrose de ces organes vitaux de façon irréversible et qui n'a pas permis au ponte de la chirurgie vasculaire de Rangueil de sauver Jean-Noël Borowezyk.
(1) Le Dr Glodblatt a déjà fait l'objet d'une sanction disciplinaire, ce dernier ayant été suspendu du tableau de l'ordre des médecins durant deux mois en 2013. Il est utile de rappeler que toute personne est présumée innocente tant qu'elle n'a pas été reconnue coupable par un tribunal.

«Il y a une erreur mais cela constitue-t-il un délit pénal ?»

Joint, l'avocat de Laurent Goldblatt, Me François Musset, un spécialiste de ce genre de questions, tenait d'emblée à disculper son client tant sur les «négligences post-opératoires» que sur «la discussion du choix de l'opération». «Après son intervention, le Dr Goldblatt n'était pas en service le week-end, c'était au chirurgien de garde d'assurer le suivi. Mon client a été d'ailleurs totalement mis hors de cause par le conseil de discipline sur cette partie. Il n'en a pas non plus critiquable sur sa décision de réaliser une néphrectomie. Cette opération était nécessaire l'un des experts l'a confirmé.»
Questionné sur l'erreur chirurgicale commise pendant l'opération, Me Musset n'entend pas défausser la responsabilité de son client tout en n'omettant pas qu'il faudra rappeler le contexte. «Le geste opératoire qui a mené par la suite à la nécrose des organes, est une erreur technique. Reste à savoir si dans ce contexte n'importe quelle faute vaut des poursuites pénales?» s'interroge l'avocat lyonnais qui rappelle que «la médecine n'est pas une science exacte.»

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