samedi 13 juin 2015

Assises de la Dordogne : 18 ans de réclusion pour Alexandre Tuton

La cour d'assises de la Dordogne a condamné Alexandre Tuton à 18 ans de réclusion criminelle, ce vendredi en fin d'après-midi après environ trois heures de délibérations.
L'avocat général avait demandé, ce vendredi matin, une peine de réclusion criminelle comprise entre 15 et 20 ans de prison à l'encontre d'Alexandre Tuton. Ces réquisitions, Anne-Claire Galois les fait reposer sur sa conviction que l'accusé a commis son geste avec l'intention de donner la mort. Virginie Provost a été tuée à Bergerac le 25 août 2012. Elle avait 19 ans.
Le caractère intentionnel se trouve au centre de cette affaire jugée depuis mercredi au palais de justice de Périgueux. Alexandre Tuton n'a jamais nié avoir porté le coup de couteau à la base du cou. Il a décrit un accident survenu lors d'une violente dispute. Selon le jeune homme de 25 ans, sa main se serait posée sur le couteau après qu'elle l'a violemment repoussée contre la table du salon. Pour une raison qu'il ne s'explique pas, il aurait saisi l'arme et aurait, par réflexe, tendu le bras en direction de Virginie Provost lorsque celle-ci s'avançait pour le gifler. Il n'aurait réalisé avoir été en possession du Laguiole qu'en sentant le sang de la victime sur sa chemise. Cette version souffre de contradictions et bute sur l'expertise médico-légale.

"Putain de malchance"

La représentante du ministère public ne croit pas à cette explication reposant sur une "putain de malchance", pour reprendre une expression employée par l'accusé: "On ne se saisit pas d'un couteau par inadvertance", estime Anne-Claire Galois. Elle ne croit pas davantage qu'un bras armé puisse se tendre inconsciemment sans que le porteur ne puisse, à aucun moment, en mesurer les conséquences.
 
Il n'aurait réalisé avoir été en possession du Laguiole qu'en sentant le sang de la victime sur sa chemise
 
Le bâtonnier du barreau de Bergerac, Me Belaud, représentant les intérêts du père et de la belle-mère de la victime, suppose qu'une grande partie de l'explication se trouve dans le trait border-line majeur de sa personnalité : l'abandonnisme, lié au décès de sa mère il y a six ans. Le psychiatre laissait entendre ce jeudi que, couplé à l'humiliation, le sentiment d'abandon pouvait devenir chez le sujet un puissant détonateur : "Cela fonctionne comme notre planète. Le magma est contenu sous la croûte terrestre. Mais sous l'effet de facteurs abandonniques, il peut y avoir éruption." Les explications de l'expert laissaient supposer que la douleur de la perte pouvait engendrer chez ce genre de personnalité une mécanique ne relevant plus du raisonnement mais de la survie : "Il y a là quelque chose de viscéral, d'animal."
"Je veux bien croire que son geste n'était pas prémédité. Mais il savait très bien ce qu'il faisait", a plaidé Me Marsat, représentant la mère, le beau-père, le frère et les deux soeurs de Virginie Provost. "C'est un immense gâchis et il n'y a qu'un seul responsable."

"J'ai toujours aimé Virginie"

Pour la défense, Me Novion a insisté sur les sentiments de l'accusé. Malgré la séparation, Alexandre Tuton avait toujours espoir de la reconquérir : "L'amour est au coeur de cette affaire. Et l'amour a des serrures que l'intelligence n'ouvre pas." Il a rappelé que son client s'est montré docile tout au long de sa vie : "C'est la première fois en 25 ans de carrière que je rencontre un garçon ressemblant aussi peu à l'accusation qui lui est portée."
L'avocat bordelais a insisté sur le contexte. Il a repris les passages du journal intime de la victime, illustrant la colère qui la rongeait peu avant le retour de son ex-compagnon à l'appartement rue des Fontaines. "Quand on a toujours été un placide percheron on ne devient pas un étalon furieux. Il a été confronté à un emportement inédit. Ce jour-là, je pense que Virginie Provost avait le dessein de lui mettre une frousse particulière." La violence avec laquelle elle est susceptible de l'avoir griffé aurait, selon l'avocat, déclenché un processus de stress et de panique. "L'espace d'une poussière de seconde, il a ce geste qu'il n'a jamais voulu."
Son confrère parisien a demandé une requalification des faits en violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Me Serfaty estime que des zones d'ombre laissent planer le doute concernant l'intentionnalité devant profiter à l'accusé. Il a demandé une peine comprise entre 8 et 10 ans d'emprisonnement.
Alexandre Tuton a conclu les débats par ces mots : "J'ai toujours aimé Virginie. J'ai toujours exprimé des regrets, même si j'ai dû mal à montrer mes sentiments. Je comprends la souffrance des parties civiles, même si je ne peux pas me mettre à leur place. Je suis désolé du mal que j'ai fait ou que j'ai pu faire

http://www.sudouest.fr/2015/06/12/assises-de-la-dordogne-entre-15-et-20-ans-de-reclusion-requis-1949650-1733.php

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