jeudi 4 juin 2015

Bordeaux : une aide-soignante condamnée en appel pour violences sur personnes âgées

Les magistrats de la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Bordeaux ne sont pas allés aussi loin que le demandait le ministère public (un an de sursis et interdiction définitive d'exercer) mais ils ont confirmé, mercredi, la peine de 6 mois de prison avec sursis prononcée en première instance à l'encontre d'une aide-soignante quinquagénaire.
Entre 2005 et 2008, elle était employée dans l'aile 3 du CHU où se trouvaient des gens en fin de vie, atteints de pathologies lourdes. Mise en examen pour des violences volontaires sans ITT commises sur des personnes vulnérables, en l'occurrence des patients très âgés et diminués, elle était poursuivie devant la justice avec un de ses collègues qui n'a pas interjeté appel du premier jugement.
Les accusations ont été portées à leur encontre par un courrier du CHU adressé au procureur de la République. Une cadre de santé, sur la foi de confidences, a rédigé un rapport qui a immédiatement déclenché des sanctions administratives et une enquête pénale.

Des gestes inappropriés

L'aide-soignante, devant la cour d'appel, a toujours réfuté les faits qui lui sont reprochés. « Je n'ai jamais fait tout cela, je ne comprends pas », a-t-elle clamé. Pourtant la procédure mentionne qu'elle attribuait des surnoms aux malades comme « La noiraude » ou la « boukake », « la grosse vache » ou le « légume ». Mais l'aide-soignante a surtout été pointée du doigt pour bâcler son travail en consacrant peu de temps à la mission qui lui était confiée.
Les magistrats de la cour, présidée par Michèle Esarte, ont retenu deux points pour étayer leur décision. Selon eux, il ne fait pas l'ombre d'un doute « qu'en effectuant seule et de manière inappropriée, en bloquant les patients contre les barreaux de leurs lits », elle a manqué à ses obligations. L'aide-soignante a toujours argué qu'il manquait du personnel pour travailler de la sorte. « La toilette du malade par deux personnes agissant ensemble était le seul moyen d'épargner des souffrances à ces patients », relève la cour dans un arrêt particulièrement motivé qui réforme le jugement du tribunal sur la relaxe concernant les faits de violences en lien avec le « nourrissage » des patients.
« Enfoncer une cuillère dans la bouche d'un patient qui refuse de manger et appuyer fortement sur ses lèvres pour le forcer », relève « d'un acte conscient et volontaire exécuté par une professionnelle chevronnée en mesure d'apprécier parfaitement la nature du geste technique qui lui incombait », observe la cour.
« Mes gestes ont été mal interprétés », avait expliqué l'aide-soignante qui exerce aujourd'hui dans le privé.

http://www.sudouest.fr/2015/06/04/peine-confirmee-en-appel-contre-l-aide-soignante-1940681-2780.php

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