samedi 6 juin 2015

Il intimide son maire : prison avec sursis

Surprenante affaire que celle jugée, ce vendredi, en toute fin de matinée, par le tribunal correctionnel de Foix. Surprenante parce que les faits reprochés à Vincent, jugé en comparution immédiate, remontent au 11 janvier dernier ! Ce jour-là, cet Auscitain de naissance aurait attrapé au col le maire de Tabre et l'aurait intimidé : «Si demain, vous ne m'apportez pas mon chèque (une aide sociale pour l'aider à payer une facture d'électricité, N.D.L.R.), je vous crève». À l'époque, l'élu, en l'occurrence Pascal Serre, s'était contenté d'un simple signalement des faits à la gendarmerie, «pour ne pas envenimer la situation», précise Me Pontacq, avocate de l'édile qui s'est constitué partie civile, en réclamant 500 € de dommages et intérêts.
Mais voilà quelques jours, Vincent, dont les relations de voisinage ne sont pas au beau fixe, a fait un signe d'égorgement avec la main au niveau du cou en direction de sa voisine. Laquelle n'est autre que la compagne du premier magistrat tabréen ! Entendu dans le cadre de cette affaire, Pascal Serre a évoqué les événements de janvier et a déposé plainte.
D'où le procès de ce vendredi au cours duquel Vincent a seulement reconnu une partie des faits. «J'ai bien dit ça mais je n'ai pas tenu ce monsieur par le col. Et à l'époque, je ne savais pas que c'était le maire. Je l'ai appris lorsque les gendarmes m'ont entendu. Pour moi — je le voyais partir de chez ma voisine tous les matins — c'était un employé municipal, ou un conseiller municipal. En tout cas, je ne l'ai jamais touché. Et je reconnais que j'ai été très grossier, mais je venais de vivre deux ans atroces, avec trop de bruit pour mon état», raconte-t-il.

«Il est clairement dangereux»

Car c'est un fait, Vincent est malade : «troubles de la personnalité», «paranoïaque», «dangereux vis-à-vis de lui-même», sont quelques-uns des symptômes relevés par l'expertise psychiatrique. Mais comme dans les autres dossiers jugés hier matin, ces pathologies ne justifient pas une hospitalisation.
«Il n'empêche que les faits sont graves et il est clairement dangereux», tonne François Hébert, vice-procureur de la République de Foix, en requérant quatre mois de prison, dont deux mois assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve (obligation de soins et interdiction de paraître à Tabre), et un mandat de dépôt sur l'audience.
«On se raccroche aux branches dans ce dossier», contre Me Fabbri qui ne cache pas son «énervement». Surtout envers les psychiatres, «qui vous disent que quelqu'un est malade mais que cela ne relève pas de la psychiatrie !», s'insurge l'avocat de la défense en rappelant, également, le délai entre les faits reprochés à Vincent, «qui n'ont pas fait l'objet d'une plainte à ce moment-là», et la date du procès.

«On court après le train»

Et si «les faits restent graves», il appelle le tribunal à «prendre une juste mesure» du dossier. Car, au vu des infractions figurant sur le casier judiciaire du prévenu, Me Fabbri «ne croit pas en la dangerosité» de celui-ci. L'avocat, estimant que «dans cette affaire, on court après le train», demande donc au tribunal de ne pas prononcer de mandat de dépôt.
Vincent, qui a annoncé son intention de quitter la France au mois d'août, est finalement condamné à quatre mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve, et à verser 300 € au maire de Tabre.
 

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