mardi 30 juin 2015

L’accusé est-il le dernier à avoir vu Christine Mathieu vivante ?

Au premier jour du procès de Yunis Merizak devant la cour d’assises d’appel de Colmar pour le meurtre de Christine Mathieu, le décor est planté. Les photos de la scène de découverte du corps de la jeune femme dans un bois de Villers-lès-Luxeuil, le 13 février 2009, ont été projetées dans la salle d’audience. Allongée sur le ventre, recouverte de neige, les vêtements imbibés de boue, la victime avait été étouffée à cet endroit dans une ornière.
Les enquêteurs qui ont défilé à la barre ont retracé les grandes lignes du dossier depuis la disparition de Christine Mathieu, le dimanche précédent. Cette habitante de La Chapelle-lès-Luxeuil, qui travaillait comme réceptionniste à l’hôtel Mercure à Luxeuil, s’était volatilisée à la fin de son service de nuit. C’est son compagnon, David D., qui avait alerté les gendarmes.
L’employeur de la jeune femme, sa famille dans les Vosges ou encore les hôpitaux de Haute-Saône ont d’abord été interrogés, mais les recherches sont restées vaines. Quand le corps a été retrouvé, l’enquête a pris un autre tour.
Le médecin légiste qui a autopsié la jeune femme l’a expliqué lundi matin : elle est morte asphyxiée à l’endroit où elle gisait dans la neige, parce que quelqu’un lui a maintenu le visage enfoncé dans la boue. Des traces sur son crâne le confirment, sans autre signe de violence. Le Dr Nicolas Hubert a aussi établi que la victime avait eu une relation sexuelle avant son décès. Aucune marque de contrainte n’a été relevée sur son corps, ce qui n’exclut pas l’hypothèse d’un viol selon le légiste.
Six enquêteurs de la gendarmerie ont travaillé à temps complet sur le dossier pendant deux ans, renforcés par une trentaine de gendarmes durant les trois premiers mois. Plusieurs pistes ont été vérifiées : celles d’un contentieux au travail, d’un rendez-vous qui tourne mal ou du geste commis par un inconnu. L’autre hypothèse creusée par les gendarmes, c’est celle d’un problème dans le couple de Christine Mathieu. Son compagnon a été soupçonné, mais les enquêteurs l’ont mis hors de cause.

Profil ADN

Le tournant de l’affaire est survenu le 20 avril 2011, quand le profil ADN retrouvé sur le corps de Christine Mathieu a enfin été identifié. C’est celui de Yunis Merizak, un Luxovien d’une trentaine d’années qui a fait l’objet d’un prélèvement quelques mois plus tôt dans le cadre d’une autre affaire. Après un mois de vérifications sur sa personnalité, il est interpellé le 24 mai 2011. A l’issue de sa garde à vue, dans le bureau du juge d’instruction, il explique avoir croisé la jeune femme le dimanche matin dans la rue, l’avoir emmenée chez lui pour une relation sexuelle, puis l’avoir redéposée en ville en bonne santé.
Les enquêteurs ne croient pas à cette version : pour eux, le silence du suspect pendant les deux ans qui ont précédé son arrestation, alors que la mort de la jeune femme avait fait beaucoup de bruit à Luxeuil, ne plaide pas en sa faveur. Au vu des investigations réalisées, ils sont persuadés de tenir l’homme qui est le dernier à avoir vu Christine Mathieu vivante.
C’est un peu court, répond en substance la défense de Yunis Merizak. « Quel est le scénario exact du meurtre ? », demande Me Randall Schwerdorffer. « L’ADN de Merizak prouve qu’il a couché avec elle, pas qu’il l’a tuée. Quel serait le mobile ? »
Le décor est planté, le procès se poursuit toute la semaine.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/06/30/l-accuse-est-il-le-dernier-a-avoir-vu-christine-mathieu-vivante

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