dimanche 28 juin 2015

Pont-de-Roide : sous la pression des dealers, les filles dépouillent les économies d’un retraité

Laura et Priscilla. Deux prénoms qui, à Pont-de-Roide sont synonymes d’héroïne. Non pas que ces deux demoiselles aient accompli des prouesses particulières. Elles sont davantage connues des services enquêteurs et de la justice pour leur implication, jusqu’aux oreilles, dans les trafics de drogues dures qui ont gangrené la cité et ses alentours.
La première était la compagne d’un personnage central dans l’un des principaux réseaux. Un garçon récidiviste, condamné à quatre ans de prison en 2013.
Dans ce milieu, c’est bien connu, une tête tombe, une autre la remplace immédiatement. La prénommée Priscilla avait ainsi repris le business. Et les deux filles semblaient avoir sympathisé comme en atteste leur association du 14 mars 2014.
Laura : « J’étais toxicomane. Je devais pas mal d’argent et on m’a mis la pression ».
Laura connaissait bien un habitant de Fleurey. « Un ami de ma mère », dit-elle à la barre du tribunal. Elle sait que l’homme en question conserve ses économies à la maison. Du coup, elle songe à aller rafler la mise avec sa copine Priscilla.
Bingo ! Il y avait là 5 000 € en numéraire, planqués au milieu des draps et des vêtements, ainsi qu’une bouteille de 3 litres remplie de pièces pour un montant de près de 1 000 €.
« À l’époque, j’étais toxicomane. Je devais pas mal d’argent et on m’a mis la pression. Du coup, je n’ai trouvé que cette solution », développe et justifie la jeune femme de 25 ans.
À l’époque, elle nageait effectivement en plein marasme. Mise en cause lors du démantèlement d’une nouvelle branche du trafic, elle avait été placée en détention provisoire durant quatre mois (avril – juillet 2014).
Un électrochoc salvateur ? Oui, si l’on en juge par le rapport du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) qui met en avant les démarches entamées par l’intéressée pour retrouver le droit chemin. Celles et ceux qui l’avaient croisée lors de son arrestation d’avril 2014 gardent le souvenir d’une silhouette frêle et des stigmates de l’héroïne. Aujourd’hui, ce n’est plus la même femme. « J’ai pris 20 kilos. Tout va bien », raconte-t-elle.
La procureur Brunisso écoute et entend. Elle fait aussitôt part de ses regrets devant l’absence de la complice, la prénommée Priscilla. Une fille originaire du Pas-de-Calais, jugée en comparution immédiate, deux mois plus tôt. Une femme de 30 ans qui a voulu revêtir un costume de trafiquante manifestement trop grand pour elle. Braquée à son domicile, acculée par ses fournisseurs, elle a fini par être arrêtée et a livré le nom d’un gros bonnet.

Priscilla avait intérêt à disparaître du secteur…

Une coopération qui, à l’époque, lui a valu une certaine forme de mansuétude de la part du tribunal. En dépit de son rôle dans le réseau, elle a été condamnée à un an de prison, intégralement couvert par le sursis (le parquet avait requis 18 mois dont six ferme).
Face aux menaces qui pesaient sur elle, notamment de la part de l’entourage du dealer « balancé », elle avait compris qu’elle avait intérêt à vite prendre le large et à quitter le secteur. D’où son absence absolument pas surprenante à la barre. La procureur a encore appuyé sur la connotation désagréable du délit : « Cambrioler quelqu’un qui avait toute confiance en vous ».
Me Belin, l’avocat de la défense, invite le tribunal à faire une différence « entre celle qui est venue (N.D.L.R. : sa cliente, Laura) et celle qui n’est pas là ». Il indique encore que la jeune femme est « aujourd’hui quelqu’un de pétillant pour qui tous les voyants sont au vert ».
Message (partiellement) entendu. La prénommée Laura écope de deux mois avec sursis, Priscilla, l’absente, à quatre mois sous le même régime. Les deux (ex) amies devront conjointement mettre la main à la poche pour indemniser l’homme qu’elles ont dépouillé et ce à hauteur de 6 500 €.
Avec, comme pression, non plus celle de fournisseurs mais de la justice qui, jusque-là, s’est plutôt montrée bienveillante avec elles…

http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2015/06/27/pont-de-roide-sous-la-pression-des-dealers-les-filles-depouillent-les-economies-d-un-retraite

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