samedi 11 juillet 2015

Agen : 6 ans pour la mort d'Eva

L'Agenais de 22 ans, mis en examen pour homicide involontaire qui avait provoqué la mort d'Eva, en octobre 2014, sur le pont de la Libération, a été condamné à six ans assortis de 15 mois de sursis et mise à l'épreuve. Il reste en prison.
À la barre, il parle d'une voix inaudible. Ses avocats Mes Martial et Grolleau lui disent de s'exprimer pour être entendu. Mais quand cet Agenais de 22 ans aujourd'hui parle de ce soir du 20 octobre 2014, les explications sont confuses. Invité par le président du tribunal correctionnel à dire un dernier mot hier vers 20 heures, il s'excuse.
Derrière lui, la mère de la victime, son compagnon. Eva était placée en foyer, à Balade à Pont-du-Casse. Ce soir-là, elle avait fugué avec une copine, empruntant deux vélos pour aller en ville sans doute, ou en revenir. Vers 20 heures, Eva a été percutée par une Golf. À quelle vitesse ? Le conducteur dit qu'il roulait à cinquante, soixante pas plus. La voiture percute la cycliste.
Un choc terrible. La jeune fille s'encastre dans le pare-brise, les enquêteurs estiment même qu'elle a dû pénétrer dans l'habitacle. Les traces de sang sur le volant le prouvent.
Elle est toujours vivante mais dans un état désespéré, lors de son transfert à Bordeaux. Elle y décède moins d'un mois après, en novembre. L'accident a ému la cité, jusqu'au personnel du foyer où elle séjournait depuis quatre mois seulement.
Difficile hier, dans la salle d'audience, de ne pas lier ce énième drame mortel à la série des 22 décès depuis janvier 2015. Pourtant, Me Martial, pour l'automobiliste mis en examen pour homicide volontaire, voulait «s'extraire, s'éloigner de ces réunions à la préfecture, où l'on parle et reparle de la sécurité routière. Nous nous reverrons en septembre pour les mêmes faits, et nous trouverons tout cela intolérable. Nous n'arriverons jamais à juguler ce danger routier. Mais qu'on ne lui enlève pas qu'il voulait se rendre». Pour la défense également, Me Grolleau parle aussi «d'un immense gâchis. Nous serions des monstres si l'on ne disait pas que l'infraction commise est terrible. Mais ce n'est pas si simple (…) N'importe qui peut se retrouver dans une telle situation».
Mais son passé judiciaire et son comportement ce soir-là ne plaidaient pas en la faveur de ce très jeune père de famille. Déjà condamné pour deux délits de fuite et divers vols, l'intéressé «a fui ses responsabilités», selon Me Roquain, avocat de la mère, du frère et du beau-père d'Eva. Après le choc, des témoins ont vu l'automobiliste ouvrir la portière et surtout ne pas descendre de la Golf, et s'enfuir.
Sur la chaussée, les policiers retrouvent son permis de conduire et la carte grise établie au nom de sa mère. La famille habite à moins de 500 mètres du pont de la Libération. Les policiers l'interpellent mais il a cherché à fuir même s'il dément l'avoir fait. «Je suis descendu car j'attendais mon beau-frère pour aller au commissariat.»
Un dépistage d'alcoolémie est fait. 1,09 gramme, puis 0,56 mg une heure après. «J'ai bu de la vodka avec un ami au bord du canal», dit le prévenu. Pendant l'enquête, il dit en avoir bu trois verres. Hier à la barre «c'était plus». Et c'était «un manque d'attention avec l'alcool. J'ai mis un CD en baissant la tête et je l'ai relevé ? J'ai aperçu les vélos, je n'ai pas eu de réaction. Je n'ai pas réalisé ce qui venait de se passer». Trente mètres plus loin, Eva gisait dans une mare de sang.
 

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