lundi 20 juillet 2015

Aix : les grands procès de la rentrée

Les jurés des Bouches-du-Rhône appelés à siéger à Aix-en-Provence vont avoir droit, dès septembre, à un large panel de ce qui se fait en matière criminelle. Gros plan sur quelques affaires sordides qui avaient défrayé la chronique.
LE TUEUR EN SÉRIE

Salameh a-t-i fait disparaître Fatima?

Même s’il a interjeté appel du verdict, le 3 avril 2014, la cour d’assises des Bouches du Rhône lui a déjà infligé la peine la plus lourde inscrite dans le Code pénal: la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Au terme d’un procès agité de trois semaines, Patrick Salameh, un ancien braqueur de 57ans, avait été reconnu coupable de l’enlèvement suivi de mort de trois prostituées marseillaises dans le courant de l’automne 2008 ainsi que du viol et de la séquestration d’une quatrième.
"Le 12 novembre 2008, on l’a arrêté et ça a été l’extinction d’un des grands souffles criminels du XXIesiècle", avait martelé l’avocat général lors de ses réquisitions, hissant ce fils d’ancien séminariste au rang des grands tueurs en série à l’image de Vacher, Landru ou Jack l’Éventreur. Sauf que dans le cas de Patrick Salameh, les cadavres n’ont jamais été retrouvés… Comme celui de cette jeune baby-sitter de 20 ans, Fatima Saiah, volatilisée le 7 mai 2008, quelques mois avant les prostituées.
Longtemps, le lien entre les deux affaires n’a pas été fait par les enquêteurs. Ou du moins, ils ont hésité. Pourquoi s’attaquer à une baby-sitter avant? "Pour s’entraîner… ", avait-on alors suggéré. Mais c’est surtout le témoignage d’une SDF, ayant ses habitudes dans les environs de la gare Saint-Charles, qui allait troubler la juge. Alors que la trace de Fatima s’était perdue le 7 mai 2008 à 15h10, à la hauteur du métro Malpassé où son petit ami Meddy l’avait déposée, l’enquête était dans une impasse jusqu’à ce témoignage intervenu plusieurs mois plus tard, lorsque la photo de Salameh s’était étalée à la Une des journaux. Elle avait affirmé que, ce jour-là, il était venu lui demander d’appeler des baby-sitters depuis une cabine téléphonique.
Dix jours plus tard, s’assurant que ce n’était pas "une balance", il était retourné la voir pour lui proposer un emploi… Tout au long de l’instruction, la juge avait relevé "le caractère particulièrement manipulateur" du suspect qui n’avait pas hésité à envoyer des courriers intimidants aux témoins en menaçant de diffuser leur identité sur internet.
En février 2014, elle décidait donc de renvoyer Salameh devant les assises, où il comparaîtra du 12 au 23 octobre prochains du chef de "récidive d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivi de mort". Il encourt, encore une fois, la réclusion criminelle à perpétuité. Patrick Salameh n’a reconnu aucun des crimes qui lui sont reprochés, y compris celui de la jeune baby-sitter. "Il s’agit, depuis l’origine, d’une procédure dominée par l’esprit de facilité, celui qui conduit immanquablement aux erreurs judiciaires", met en garde un de ses avocats, Me Molina.

LE "CASSE" RATÉ DE SAZIAS

12 braqueurs "malheureux"

Ils pensaient enfermer les gendarmes à l’intérieur, histoire de couvrir leur fuite. Ils les ont enfermés… dehors! Forcément, ce 9 août 2011, lorsque quatre fonctionnaires du Psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) d’Aubagne, au retour d’une ronde, avaient découvert une lourde chaîne sur le portail de la brigade, en pleine nuit, ainsi que des centaines de clous et de croisillons métalliques déversées au sol, ils avaient immédiatement pensé qu’un mauvais coup se tramait au centre de transfert de fonds de la société Sazias, à Gémenos.
Ils s’y rendaient donc illico, d’autant que la société avait, par deux fois, été la cible de braquages audacieux, en 2007 et 2010, à l’issue desquels pas moins de 25 millions d’euros s’étaient volatilisés… À leur arrivée, les gendarmes tombaient nez à nez avec un commando d’une douzaine d’hommes répartis dans une dizaine de véhicules et un fourgon. Une fusillade éclatait alors que les malfaiteurs s’apprêtaient à pénétrer dans les lieux. Au bout d’une dizaine de minutes, les braqueurs prenaient la fuite.
Trois semaines plus tard, une première vague d’interpellations était menée à La Ciotat. Des armes et 10kg d’explosifs étaient découverts dans un box de la cité des Matagots et des plongeurs remontaient plusieurs kilos de croisillons déposés au large de la plage de la Batterie à Marseille. Sept autres interpellations avaient lieu l’année suivante. Au total, ce sont douze accusés qui comparaîtront du 28 septembre au 16 octobre devant les assises.

LE TRIBLE RÈGLEMENT DE COMPTES DE NOÊL

Trois morts dans la voiture

Les jurés auront dix jours, du 9 au 18 décembre prochains, pour plonger au cœur du trafic de stups qui ensanglante les cités marseillaises depuis une bonne dizaine d’années. Avec en point d’orgue, cette affaire de triple assassinat commis le soir de Noël 2011.
Dans la nuit du 25 au 26 décembre, une Audi en flammes, en pleine pinède des Pennes-Mirabeau, avait attiré l’attention. À l’intérieur, sur la banquette arrière, trois cadavres calcinés étaient découverts. L’autopsie permettait de déterminer que les victimes avaient d’abord été abattues par balles et l’ADN livrait leurs identités : Sonny Alberro, 20ans; Mohamed Bouhebel, 19ans et Nouri Oualan, 19ans. Trois jeunes Marseillais originaires de la cité des Micocouliers, à Saint-Joseph (14e arrondissement), qui avaient repris depuis peu le réseau local de revente de résine de cannabis.
Les enquêteurs de la brigade criminelle de la PJ, déjà en charge de divers dossiers de règlements de comptes sur fond de rivalités assassines pour "la gestion" du territoire, allaient rapidement faire le lien entre une tentative d’homicide survenue deux mois plus tôt, sur Sami Ati, 24 ans, connu aussi pour "stups". Persuadée d’être face à une vengeance sanglante, la PJ déclenchait la première vague d’interpellations six mois plus tard. Quant à Sami Ati, le commanditaire présumé, il était arrêté en septembre suivant dans une maison, à Calas. Il comparaîtra dans le box des accusés aux côtés des deux tueurs présumés.

http://www.laprovence.com/article/actualites/3501458/aix-les-grands-proces-de-la-rentree.html

Aucun commentaire: