samedi 29 août 2015

Nancy : prison ferme pour les parents kidnappeurs et sans remords

Nancy. « Mes enfants n’ont jamais manqué de rien », répète, encore et encore, Brigitte Buzon. Cette femme de 37 ans aux vêtements amples et à la voix forte est butée. Incapable d’entendre la moindre critique, la moindre remise en cause. Jugé à ses côtés, ce vendredi, par le tribunal de Nancy, son compagnon, Libério Bulhoes Correia, un maçon d’une cinquantaine d’années, pratique lui-aussi la politique de l’autruche : « Tout ce que j’ai fait, c’est pour le bien de mes enfants », revendique-t-il. La réalité est nettement plus glauque.
Le couple a sept enfants et tous ont dû être confiés aux services sociaux. La dernière, la petite Miah, a même fait l’objet d’une ordonnance de placement deux jours seulement après sa naissance, le 25 novembre 2013. Le bébé n’a pas pour autant été privé de sa mère. Celle-ci pouvait rester avec sa petite fille. Mais uniquement dans un centre maternel à Nancy. Pas à la maison. Maison que la maman n’avait pas, de toute manière, car elle était alors SDF.
Au bout de 5 mois, elle s’est toutefois enfuie du centre avec son enfant. « J’ai eu un problème avec une autre fille qui se droguait et qui m’a menacée avec un couteau. J’ai préféré partir plutôt que de tuer quelqu’un », soutient la mère. Il semble surtout qu’elle craignait de perdre complètement la garde de son enfant. Mais lorsque le président Stanek la titille sur ce point, elle se met en boule et n’hésite pas à crier au mensonge et au complot.
« Ce procès n’est pas celui du juge des enfants et des services sociaux », recadre le procureur. C’est effectivement le procès des parents. Le 17 avril 2014, le père est venu en pleine nuit chercher sa compagne et la petite Miah à la sortie du centre maternel. Ils ont ensuite filé au Luxembourg où ils ont loué un mobile home. C’est là que les parents ont eu la surprise de découvrir, en regardant la télé, qu’une alerte-enlèvement avait été déclenchée et qu’ils étaient devenus le couple le plus recherché de France. « On a tout de suite chargé la voiture et on est reparti pour essayer d’aller en Suisse… Par des petites routes », raconte la mère.
Le couple a fait un crochet par la France et a été intercepté du côté de Phalsbourg (57). Les gendarmes ont dû déployer une herse sur la route pour bloquer leur véhicule. La petite Miah a été récupérée saine et sauve. Ses parents ont été emprisonnés. Le père a été remis en liberté au bout de huit mois. La mère, en revanche, a comparu menottes aux poignets. Sans doute en raison de son obstination et son absence totale de mea culpa. Une attitude d’autant plus inquiétante que ce n’est pas la première fois qu’elle enlève un de ses enfants. En 2011, toujours avec l’aide de son compagnon, elle s‘était déjà enfuie d’un centre maternel de Nancy avec une autre de ses filles alors âgé de 6 mois. Elles avaient été retrouvées des mois plus tard à Sarrebourg.

« Une bombe à retardement »

« Dès qu’elle sera libre, elle recommencera. C’est une bombe à retardement », prévient le procureur qui réclame 2 ans de prison dont 20 mois ferme contre la mère et 18 mois dont 12 mois ferme contre le père.
« Ce couple n’est pas Bonnie and Clyde. Ce sont des parents qui souffrent d’être privés de leurs enfants et tout le monde peut le comprendre », plaide Me Guillaume Royer, l’avocat du père, qui pour le reste insiste sur le rôle secondaire joué par son client. A l’inverse, l’avocate de la mère, Me Carole Pierre souligne la « fragilité » de sa cliente qui « n’aurait rien pu faire sans l’aide » de son compagnon. Jugement : 18 mois ferme pour la mère et 12 mois ferme pour le père.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/08/29/parents-kidnappeurs-et-sans-remords

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