lundi 14 septembre 2015

La tendre petite voleuse à la barre du tribunal

Quand elle arrive à la barre, on vient de lui retirer les menottes et elle sort de prison. Pourtant, elle émeut tout le monde. Elle affiche une candeur, une fragilité, une pudeur extraordinaire. Chacun a envie de la protéger ; même quand la Présidente, Marie-Dominique Merlet, raconte l'aventure qui justifie son passage devant le tribunal correctionnel. Le 25 juillet, une mamie Livradaise (nonagénaire) va à La Poste faire opposition à un chèque qu'elle vient de faire à un artisan, lequel vient de l'embrouiller. On lui demande évidemment sa carte d'identité et son chéquier de la Poste. Elle présente l'un et l'autre. L'après midi, l'artisan étant devenu raisonnable, elle revient à La Poste pour lever l'opposition. On lui redemande les mêmes pièces, mais elle ne les trouve pas. Perdues ? Possible. Toujours-est-il qu'elle met opposition sur la totalité des chèques qui suivent celui de l'artisan. Mais les formules de chèques et la pièce d'identité sont utilisées pour acheter collier en or, téléphones portables, tablettes, ordinateurs portables etc. Celle qui utilise ces chèques passe forcément en caisse où elle est filmée et rapidement identifiée. Interpellée, elle reconnaît tous les achats, avec détails et minutie, mais, curieusement, ne se souvient pas comment ces formules bancaires et la pièce d'identité sont arrivées en sa possession. La présidente et le ministère public ont beau insister, elle ne dira rien. Vient le tour de l'avocate de cette jeune femme. Elle explique. Chaque fois que je défends ma cliente, il y a dans la salle deux personnes qui font pression sur elle et qui l'obligent à taire ce qu'elle devrait vous dire. Elle travaille pour ces deux personnes qui la tiennent par un moyen que je ne connais pas. Au moment où Me Sophie Grolleau prononce ces paroles, deux personnes, en effet, quittent la salle précipitamment. On comprend tout. La voleuse n'a pas volé les chèques mais on les lui a remis et elle a acheté sur ordre. C'est toutefois difficile à prouver, d'autant qu'elle ne parle pas. Après la formidable plaidoirie de Sophie Grolleau, le parquet a demandé une peine a minima et le tribunal a condamné la petite voleuse que tout le monde voudrait protéger à 10 mois de prison avec sursis. Ce qui n'est pas grand-chose.
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