mardi 22 septembre 2015

Libération de la «veuve noire de l’Isère»: Les vices de procédure ravivent les tensions entre policiers et magistrats

On croyait l’opposition police-justice enterrée à jamais par les sourires échangés entre Manuel Valls et Christiane Taubira. N’auront-ils été que de façade ? Les lenteurs de la justice ont ravivé ces derniers jours les tensions entre les fonctionnaires chargés de maintenir l’ordre et ceux dont la mission est de juger les contrevenants.
Condamnée à 30 ans de prison en 2014 pour le meurtre de son dernier mari, Manuela Gonzalez, surnommée la « veuve noire de l’Isère », attendait que la cour d’assise d’appel du Doubs fixe la date du procès d’appel. Mais en raison d’un délai trop long, la cour d’appel de Grenoble l’a remise en liberté ce lundi, donnant raison à son avocat, Ronald Gallo, qui estimait que le délai raisonnable pour être jugé avait été dépassé au regard de la Convention européenne des droits de l’homme.

Peur de la partie civile

Conséquence directe de cette décision, le fils de la victime, Nicolas Cano, n’a qu’une peur : que sa belle-mère se rapproche de lui et sa famille. « On a vu à travers son comportement lors du procès en première instance une certaine main mise sur ses proches. Ce sera plus facile pour elle dehors d’arriver à ses fins », relève auprès de 20 Minutes, Camille Galliard-Minier, l’avocate du fils de la victime.
Les policiers sont également remontés contre la justice, d’autant que cette remise en liberté intervient moins d’une semaine après celle, le 16 septembre, de Rajeswaran Paskaran, un homme condamné à 20 ans de prison pour le meurtre d’un policier à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Entre-temps, lundi s’est ajoutée la libération de l’ancien chef nationaliste corse, Charles Pieri, après un vice de procédure qui a accru le malaise sur la lenteur de la justice. « Allez expliquer ça aux familles. Il y a manifestement eu des dysfonctionnements », avance Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat d’officiers Synergie.

Un rapport en urgence

La justice explique ces erreurs par un « manque de moyens ». La lenteur est justifiée par un encombrement des prétoires. « Il est clair que ça coince dans certaines juridictions parce qu’elles n’ont pas les moyens de fonctionner », a dit à l’AFP François Martres, présidente du Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche. Mais selon elle, la justice « n’a fait qu’appliquer les règles du procès équitable qui s’imposent à toutes les juridictions ».
Une posture qui agace les policiers. « Rien n’obligeait la justice à les libérer. C’est une interprétation restrictive de la loi et de la jurisprudence. Certains magistrats ont entrepris un combat idéologique », lâche Patrice Ribeiro.
La Garde des Sceaux, Christiane Taubira a réclamé en urgence un rapport aux chefs de cour de Grenoble. Manuel Valls, lui, a assuré lors de la libération du tueur du policier que « les conséquences seront tirées ».
http://www.20minutes.fr/societe/1692775-20150922-liberation-veuve-noire-isere-vices-procedure-ravivent-tensions-entre-policiers-magistrats

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