mercredi 21 octobre 2015

Procès Bonnemaison : une curieuse matinée

La huitième journée du procès de Nicolas Bonnemaison, jugé devant la cour d'assises d'appel de Maine-et-Loire pour avoir "empoisonné" sept patients en fin de vie, a débuté comme les précédentes. Sauf qu'étaient examinés en cette matinée des décès pour lesquels l'ex-urgentiste du centre hospitalier de la Côte basque n'est pas poursuivi.
L'audience se poursuivra dans l'après-midi avec l'intervention attendue de Jean Leonetti, pionnier de la loi sur la fin de vie en 2005 et co-auteur d'une récente proposition de loi sur la sédation.
Retrouvez les temps forts de ce procès.
  • Mercredi midi : deux dossiers médicaux rouverts

Suite à la demande des parties civiles, deux familles de patients décédés (les époux Iramuno et Yves Geffroy), les dossiers médicaux de leurs proches vont être rouverts. La présidence a accédé à leur demande formulée mardi.
Le but : vérifier qu'il est mentionné sur les dossiers médicaux la limitation et l'arrêt des thérapeutiques actives (LATA). Nicolas Bonnemaison, à qui il est reproché d'avoir décidé et agi seul, a fait valoir que dans plusieurs cas, une décision collégiale de limiter ou d'arrêter les traitements avait été prise en amont aux urgences, avant que les patients ne soient admis dans son service.
  • Mercredi matin : retour sur des cas pas poursuivis

Pour une personne non avertie qui serait dans le "public", il aura fallu attendre plusieurs minutes après le début d'audience pour comprendre que le cas premièrement évoqué n'est pas un décès pour lequel Nicolas Bonnemaison est poursuivi. 
La cour d'assises d'appel de Maine-et-Loire a examiné ce mercredi matin les circonstances de la mort de Pierre Suhit, décédé le 7 juillet 2011 à l'âge de 88 ans, et de Catherine Delau, décédée le 3 août 2011 à l'âge de 92 ans. Deux cas frappés d'un non-lieu en octobre 2013.
La mort de Catherine Delau est celle qui a amené quelques membres du personnel soignant à dénoncer Nicolas Bonnemaison à la hiérarchie. Suspicieuses, elles avaient décider le "surveiller". Le 3 août, quand une ampoule de Norcuron (substance provoquant une paralysie des muscles) est retrouvée par une aide-soignante dans une poubelle, "on a la preuve quoi", explique une infirmière.
Face aux témoignages contradictoires de l'aide-soignante et deux infirmières présentes ce jour-là, si la préparation de produits n'est pas contestée, il n'y a aucune preuve de tentative d'injection, indiquait l'ordonnance de non-lieu.
"Pour ma belle-mère, il n'est pas intervenu", a témoigné à la barre Marie-Claude Delau, sa belle-fille. "Vu les circonstances du décès (le fait que la famille était là, ndlr), je ne vois pas quand il a pu intervenir", a expliqué la Girondine.
Nicolas Bonnemaison, qui lors de sa garde à vue avait reconnu avoir administré de l'Hypnovel et du Norcuron, était revenu sur ses déclarations peu de temps après. Il avait fait une "confusion". Avec qui ?, lui demande la présidente. L'ex-urgentiste "n'en a pas le souvenir". Pour sa défense, il évoque des conditions d'audition difficiles en garde à vue, "sans lunettes, sans dormir".
Le décès de Pierre Suhit reposant uniquement sur le témoignage d'une infirmière, qui "avait vu Nicolas Bonnemaison passer avec une seringue" et avait noté un décès brutal, avait lui aussi conduit à un non-lieu en 2013.
"Quand j'ai été avisé du décès de mon oncle", "on m'a dit qu'il s'était éteint doucement et sans souffrir", a indiqué Jacques Iribarne. Interrogé par la Cour, l'ex-urgentiste a répondu "n'avoir aucun souvenir particulier concernant la prise en charge de Pierre Suhit. Injection ou non d'Hypnovel (puissant sédatif) ? "Possible" mais il ne s'en "souvient pas". Il n'avait pas forcément plus à en dire, puisqu'il n'est pas jugé pour ce décès. Le procédé a quelque peu interpellé les journalistes spécialisés.
http://www.sudouest.fr/2015/10/21/proces-bonnemaison-une-curieuse-matinee-2161197-6062.php

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