mercredi 25 novembre 2015

La boîte à gifles est ouverte en famille

Émilie est une jeune femme frêle, au regard déterminé. Non loin d'elle, sur le banc des victimes, Emmanuel, son ex-mari.
Entre eux, depuis le divorce et même avant, le torchon brûle. Et les disputes, parfois violentes, sont légion dès qu'il s'agit de leur fille commune, une gamine aujourd'hui âgée de 8 ans.
Émilie est prévenue pour avoir frappé son ex, alors qu'il venait chercher la petite au domicile de ses ex-beaux-parents, les parents d'Émilie.
Il a toujours gardé d'excellentes relations avec eux, soigneusement entretenues. Et pour cause : alors que le divorce n'était pas encore prononcé, Émilie prend un nouveau compagnon et tombe enceinte, ce qui rend son ex furieux. Pour ses parents, sans doute un brin vieux jeu, la «faute» est impardonnable. Ils prennent fait et cause pour leur ex-gendre.

Le ton monte rapidement

Au domicile des beaux-parents, il y a du monde, ce 24 février 2012 : la petite bien sûr, au centre de la guerre conjugale, ses grands-parents, son père Emmanuel et sa mère Émilie qui s'est invitée avec son compagnon. Entre ce dernier et Emmanuel, le ton monte très rapidement et on en vient aux mains. Peut-être pour détourner l'attention, protéger son compagnon, ou tout simplement pour prendre part à la rixe elle aussi, Émilie assène une gifle sur l'arrière de la tête d'Emmanuel.
Du coup, la belle-maman gifle sa fille. Le tout devant les yeux de la petite. Triste spectacle pour la gamine. Les beaux-parents sont formels : leur fille a bien frappé leur ex-gendre.
Il va se précipiter chez le médecin et faire établir un certificat médical : trois jours d'incapacité. C'est énorme.

«Frappé par surprise»

«Voyons un peu, intervient Me Charbonnel, avocate de la défense pour Émilie, trois jours d'incapacité pour une simple gifle ? Est-ce que Monsieur n'avait pas des antécédents cervicaux par hasard ?»
Emmanuel baisse la tête et soupire que oui. Pour son avocate à lui, ça n'a rien à voir : «Il a été frappé par surprise, par-derrière et n'a rien pu anticiper. Tous les témoignages sont formels».
«Quels témoignages ?, s'insurge Me Charbonnel. Ils sont tout acquis à sa cause. Il y a de très sérieux doutes dans ce dossier et l'incapacité décrite est hors de toutes proportions pour une simple gifle. Depuis des années et des années, Monsieur multiplie les procédures et j'ai bien l'impression que là, on veut se servir de la justice comme d'un outil pour influencer les décisions futures. Rien n'est clair dans ce dossier extrêmement conflictuel. Je ne suis même pas sûre qu'il ait reçu le moindre coup.»
La pagaille est telle dans cette famille et le climat tellement délétère, que le tribunal va accorder la relaxe demandée, au bénéfice du doute. Émilie sort blanchie, mais peut-être pas moins vindicative, tout comme son ex-mari. Entre eux, la fin du match semble loin d'être sifflée.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/25/2224116-la-boite-a-gifles-est-ouverte-en-famille.html

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