mercredi 9 décembre 2015

Assises de Pau : "Personne ne veut frapper cet enfant, mais il est mort"

Un homme incité par sa compagne à frapper son enfant. Une femme incitée par son compagnon à frapper son enfant. « Elle est obligée par vous et vous êtes obligé par elle. Personne ne veut frapper cet enfant, mais il est mort », tonne le président de la cour d'assises, Francis Bobille
Durant cette éprouvante première journée du procès de la mère de Killian, 4 ans, et de son compagnon d'alors, les deux accusés, Diane Codassé , 29 ans, et Matthieu May, 32 ans, se sont rejetés la faute. Ils sont poursuivis pour violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur un mineur, par un ascendant ou une personne ayant autorité sur la victime.
Peu d'informations concordent dans leurs déclarations, que ce soit au niveau de leur relation ou de la maltraitance dont a souffert le petit garçon durant l'année 2013 et plus spécialement le 3 septembre, journée durant laquelle l'enfant a vécu un véritable calvaire qui a entraîné sa mort.
Au niveau de leur relation, d'abord. Les deux trentenaires se sont rencontrés via un site Internet. Elle dit avoir vu six fois Matthieu May, à Pau où il habite, ou à Toulouse, où elle habite. Lui, quatre fois. Elle soutient qu'il lui donnait des conseils pour éduquer son enfant, qu'il fallait être plus dur et qu'il l'appelait au téléphone pour lui demander de corriger le garçonnet. Lui n'en parle pas du tout. Elle dit qu'ils s'étaient séparés quelque temps et qu'il l'a incitée à revenir, avec de belles paroles. « Le petit détail qui m'a convaincue, c'est qu'il m'a dit qu'il serait un père pour Killian. » Diane Codassé, sans emploi, dit en effet avoir beaucoup souffert de l'absence de son propre père depuis son enfance. Mais Matthieu May, un boulanger qui avait arrêté son activité pour se consacrer au cyclisme, sa passion, affirme qu'il n'a jamais émis le désir de s'impliquer à ce point dans la relation. Il ne voulait qu'un « plan sexe ».

« Arrêter de pleurer »

Les discordances se poursuivent au sujet du déroulement des faits du 3 septembre, jour où Diane Codassé se rend à Pau en train avec son fils, pour faire le point sur sa relation avec Matthieu May. Ce dernier va les chercher à la gare avec son coupé sport qui n'a que deux places. Il amène le garçonnet chez lui, puis repart chercher la jeune femme. Celle-ci affirme que lorsqu'elle retrouve Killian, il saigne du nez et a une bosse sur le front. Pas de bosse, affirme l'accusé. Il dit avoir juste donné une petite gifle à l'enfant, sous prétexte qu'il s'était mal comporté.

Dans la nuit, l'enfant ne respire plus. Les deux adultes finissent enfin par appeler les secours
 
Les versions diffèrent encore sur le nombre de coups de ceinture (en toile, puis en cuir avec une boucle en métal) que Killian reçoit de la part de l'un et l'autre, et sur les morsures aux doigts que lui inflige Matthieu May. L'homme déclare qu'il a entendu l'enfant tomber dans la baignoire. Sa mère dit plutôt qu'il l'a emmené dans la salle de bain pour le passer sous l'eau froide afin de résorber les coups.
Dans la nuit, l'enfant ne respire plus. Les deux adultes finissent enfin par appeler les secours. Là encore, les ex-compagnons se renvoient la balle. « C'est Matthieu qui m'a donné l'idée de dire que Killian était tombé. »
Une question taraude le président : « Quand vous arrivez dans son appartement le 3 septembre, pourquoi est-ce que vous ne partez pas tout de suite, alors que vous vous rendez compte que votre enfant a été battu par un homme que vous avez vu six fois ? » Réponse : « Je ne savais pas où aller, je ne connaissais pas Pau. »
Elle pleure. Le président l'arrête : « Durant ce procès, vous avez l'occasion de dire les choses. C'est le moment d'arrêter de pleurer sur votre sort. » Les explications, pourtant, ne viennent pas. Il reste encore deux jours de procès pour que les accusés en fournissent.
http://www.sudouest.fr/2015/12/09/maltraitants-en-negation-2211464-4344.php

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