samedi 19 décembre 2015

Meurthe-et-Moselle : le commandant des RG condamné pour une rocambolesque histoire de SMS et de photos de charme

Il faut se pincer pour y croire. Le dossier que le tribunal correctionnel de Nancy a examiné ce vendredi, laisse pantois. A mi-chemin entre le vaudeville et le polar de série B, l’affaire mélange allégrement jalousie, clichés coquins et méthodes de police peu orthodoxes. Tout part d’une rupture sentimentale entre un respectable sexagénaire de Meurthe-et-Moselle et une jolie quadra censée être mannequin dans les Vosges.
Que s’est-il passé ? La femme affirme que son amant n’a pas supporté d’être plaqué. L’homme prétend, au contraire, qu’il s’est débarrassé d’une liaison encombrante. Où est la vérité ? Peu importe. Ce qui est certain, c’est que le sexagénaire a confié ses problèmes de cœur à « un ami de 30 ans ». Jusque-là, rien que du banal. A ceci près toutefois que le vieux copain est un policier. Et pas n’importe lequel : c’est Francis Thouvenot, l’actuel patron du service départemental du Renseignement Territorial (la nouvelle appellation des RG c’est-à-dire des Renseignements généraux) en Meurthe-et-Moselle.
Ce dernier va prendre en main les soucis sentimentaux de son camarade. Il appelle son ex-petite amie. Il se présente comme policier mais ne donne pas son identité. La conversation téléphonique tourne au vinaigre. Furieux, le patron des RG raccroche et envoie par SMS à son interlocutrice une photo d’elle en petite tenue. Un cliché que lui a confié son ami de 30 ans et qu’il accompagne de cette mention : « La prostitution, ça existe ! »
Le policier signe le tout d’un mystérieux pseudo : « L’Ombre ». « Car c’est le surnom des RG », explique à la barre le responsable des ex-renseignements généraux.
Mis à l’amende
Le fonctionnaire a finalement été démasqué par la quadra mais il ne regrette rien. Il assume : « Je voulais mettre cette dame en garde pour qu’elle n’aille pas purger les comptes bancaires de mon ami ». La présidente Capron est interloquée : « Cela ne fait pas un petit peu chantage ce que vous avez fait ? Il n’y avait pas des moyens plus légaux pour agir ? »
Me Rémi Stephan, l’avocat de la quadragénaire accusée à mot à peine voilée d’être une prostituée, va plus loin : « Le prévenu a utilisé ses pouvoirs de commandant de police pour terroriser ma cliente ». Car non seulement le policier a envoyé le SMS menaçant mais il a aussi demandé à l’un de ses subordonnés de faire des recherches informatiques sur la quadra.
Le patron des RG reste droit dans ses mocassins. Il affirme n’avoir fait que son boulot en démarrant une enquête sur une personne qu’il soupçonnait d’être une « escort girl ». « Il n’y a pas une brigade des mœurs à l’hôtel de police pour mener des investigations sur la prostitution ? », s’étonne la présidente Capron.
Le procureur adjoint, Pierre Kahn, estime que le policier a effectivement franchi la ligne jaune et effectué « une intervention intempestive » dans une histoire qui ne le regardait pas. Mais compte tenu de sa « carrière sans reproche », il ne requiert qu’une peine symbolique : 800 € d’amende avec sursis.
« Il a juste transmis un cliché à une personne qui s’était elle-même prise en photo », réplique l’avocate du policier, Me Laurence Charbonnier. Pour elle, le délit d’« atteinte à l’intimité de la vie privée par transmission d’image » ne tient donc pas et son client doit être relaxé. Point de vue juridique partagé par l’avocat du « copain de 30 ans » du commandant des RG, Me Battle de Metz.
Le tribunal en a toutefois décidé autrement. Le policier et son ami ont été condamnés à 3.000 € d’amende et à 2.000 € d’indemnité à verser à la victime.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/12/19/nancy-le-commandant-des-renseignements-generaux-du-54-a-ete-condamne-pour-une-rocambolesque-histoire-de-sms-et-de-photos-de-charme

Aucun commentaire: