vendredi 18 décembre 2015

Un jardinier à prix d'or…

Laurent M., 45 ans, un jardinier paysagiste de Golfech, a-t-il dérobé en cinq ans plus de 400 000 € à l'un de ses clients ? L'affaire a été mise en délibéré, verdict début janvier.
Un Agenais de 73 ans qui payait à prix d'or ces prestations, et qui est aujourd'hui ruiné. Un lourd abus de faiblesse que le prévenu n'a pas reconnu, mardi, devant le tribunal correctionnel. Grand, sec, cheveux poivre et sel, Laurent M. n'aura guère éclairé par ses réponses le tribunal, au grand dam du président Alain Birgy. «Vous pensez que vous avez profité de lui ?», l'interrogeait le magistrat, rappelant que le jardinier, qui avait fait la rencontre de la victime en 2002, avait reçu entre 2009 et 2012, 80 000 € en chèques ou virement bancaires. «Non, nous étions proches, nous faisions de la danse et du rugby ensemble…» bredouillait le quadragénaire. «Vous étiez amis, lâchait le président Birgy avant que sa voix ne tonne dans la salle d'audience : C'est pour cela que vous lui faisiez payer aussi cher vos prestations ? » Et de poursuivre : «Vous êtes un ami cher, pas son cher ami». La substitut du procureur Bérangère Lacan, reprenant le fil de cet incroyable abus de confiance, donnait le chiffre vertigineux de la somme que le jardinier aurait soustrait à «son ami» : «La victime avait 418 000 € sur ses comptes, cinq ans plus tard, elle n'a plus rien, un dossier de surendettement et 2 600 € de découvert». L'homme a depuis dû «brader sa maison pour payer ses dettes, et gagner une maison de retraite». Expliquant le modus operandi de Laurent M., le président Birgy tentait d'obtenir des aveux du prévenu qui niait s'être aperçu de la vulnérabilité de son «ami».

Il l'appelait Papi…

«Vous l'appeliez papi et comme un enfant, c'était papi… des sous. De l'argent pour acquérir un terrain 17 650 € sur l'Agenais, vous ne l'achetez pas mais vous conservez l'argent. Pareil pour une voiture (9 000 €), du matériel de jardin (tronçonneuse, débroussailleuse, tracteur tondeuse)». «Pour le terrain, il m'a prêté l'argent, et pour le reste j'effectuais des prestations», se défendait maladroitement le mis en cause. «Absolument, tempêtait le magistrat, 5 000 € de main-d'œuvre pour lui refaire sa salle de bain, 15 000 € pour détruire son garage et 500 € par mois pour lui tondre son terrain de 800 m2 Ce sont des tarifs vraiment prohibitifs». Et Alain Birgy de dire tout haut ce qu'il pensait du jardinier : «Vous n'avez pas pris de l'argent à une personne qui était riche mais à quelqu'un de vulnérable… C'est une pratique de voyou». Muet, Laurent M. ne donnait, une fois encore, aucune explication, et ne livrait aucun regret. Une «absence de mea culpa» qui pesait lourd lors du réquisitoire de Bérangère Lacan qui réclamait deux ans dont 18 mois de sursis, mise à l'épreuve, l'obligation de travailler et de payer les dommages à la victime. C'est sur le montant de la demande provisionnelle de 80 000 € demandées par les parties civiles que le conseil du prévenu, Me Imane Krimi-Chabab, tentait d'arracher la clémence du tribunal. «Rien ne permet d'affirmer que mon client a profité de l'intégralité des 400 000 € qui sont soulevés par l'enquête de gendarmerie», assurait-elle tout en remettant quelque peu en cause l'isolement et donc la vulnérabilité de la victime. «Il faisait du ski, se rendait dans un club de danse et de rugby». La décision a été mise en délibérée au 5 janvier
 

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