dimanche 10 janvier 2016

Un médecin-anesthésiste de Nancy s’est tué en vélo sur la colline de Sion sa femme estime qu’une faute a été commise

Annick, sa femme, l’a vu pour la dernière fois la veille, quand, alors qu’elle était en partance pour Paris, il l’a déposée à la gare. Le lendemain, Abdelouahab Benhaijoub, 63 ans, médecin-anesthésiste au Centre Alexis-Vautrin, s’est tué en vélo, sur la colline de Sion, après avoir pilé devant une chaîne métallique qui lui barrait la route. A leur arrivée, en montant vers la basilique, les deux cyclistes avaient contourné la chaîne sans mettre pied à terre. Le drame s’est produit à la descente. Le médecin a basculé au-dessus du guidon, est tombé lourdement sur la tête. Un ami qui l’accompagnait lors de cette sortie et le suivait à une vingtaine de mètres a constaté que « tout le poids du corps s’est porté sur le crâne ». Le sexagénaire, qui portait un casque, est immédiatement décédé.
Depuis ce funeste 12 juillet 2011, Annick est persuadée que la justice n’a pas établi « toutes les responsabilités ». Déposée en décembre 2011, sa plainte initiale pour « homicide involontaire » contre la commune de Saxon-Sion a été classée sans suite et celle avec constitution de partie civile – déposée contre X – n’a pas connu meilleur sort. La juge chargée du dossier a en effet rendu, en septembre dernier, une ordonnance de non-lieu. Ce jeudi, la veuve était donc devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Nancy pour tenter de démontrer que cette chaîne métallique n’était pas suffisamment signalée.
Suspendue entre deux plots de 70 cm qui pouvaient s’abaisser pour laisser passer les véhicules autorisés, cette chaîne a été installée en 1999 par le Conseil général 54 suite à un arrêté municipal qui a déclaré « zone piétonne » la rue Notre-Dame, qui monte vers la basilique. Pour les services du CG 54, cette chaîne « rouge et blanche » était parfaitement signalée – « avec un marquage de couleur jaune et noir à son aplomb » – et l’institution départementale estime donc qu’elle n’a aucune responsabilité dans cet accident mortel. Elle avance que, dans la montée, il y a un panneau d’interdiction de circuler pour tous types de véhicules, que le règlement intérieur du site, affiché, interdit toute activité sportive et que de larges bandes « stop » ont été peintes de part et d’autre de la chaîne.
Retirée « par précaution »
Pour Me Claude Bourgaux, l’avocat de la veuve, « la chaîne n’était pas signalée dans le sens de la descente. De plus, elle n’était pas rouge et blanche mais foncée. Sur la facture d’achat, il est d’ailleurs écrit gris. Les bandes stop sont, elles, très éloignées de la chaîne. A au moins sept ou huit mètres. Le marquage jaune et noir, à l’aplomb, était, les photos le montrent, largement effacé, donc très difficilement perceptible. Par ailleurs, le CG 54 a reconnu que par le passé un panneau était bien fixé à cette chaîne pour la signaler ».
Ce jeudi, le parquet général a requis la confirmation du non-lieu. Le délibéré est prévu pour le 25 février. « Suite à l’accident, le CG 54 a retiré cette chaîne, en disant que c’était ‘’ par précaution’’. C’est quand même un signe, non », confie Annick qui assure que l’une de ses amies a reçu les confidences d’une serveuse de la brasserie qui jouxte le site. « Elle lui a dit que ce n’était pas le premier accident qui survenait. Nous avons demandé que cette personne soit entendue mais la justice a refusé. Au final, la question est : pourquoi est-il mort ? Je le sais, moi : parce qu’il y avait cette chaîne… ».

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2016/01/09/ce-medecin-anesthesiste-de-nancy-s-est-tue-en-velo-sur-la-colline-de-sion-en-juillet-2011-sa-femme-estime-qu-une-faute-a-ete-commise-par-le-cg-54

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