jeudi 25 février 2016

Michel Rigal, coupable de meurtre et condamné à 19 ans de prison

Les jurés n'ont accordé aucune circonstance atténuante à Michel Rigal. Il a été condamné hier soir à 19 années de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, Rose-Marie.
Michel Rigal, 74 ans, ne change pas d'attitude. Accusé du meurtre de sa femme le 17 mai 2013, le vieil homme a assisté hier aux plaidoiries, impassible. Mains croisées dans le box, le regard droit. Il a d'abord entendu Me Denis Boucharinc, conseils des parties civiles qui portaient la voix du frère et des deux nièces de Rose Marie, la défunte.
Comment expliquer la dégradation des relations du couple et la difficulté de leur proche pour en parler ? «Dans ce vase clos, il y a un empêchement de se mêler». Et Me Boucharinc rappelle à la cour le poids «des rumeurs, des jugements, des bruissements» à Castelmaurou. «Il y a eu au cours des débats une évidente absence de liberté des témoins», considère l'avocat. Puis l'avocat de la partie civile et ensuite l'avocat général égrainent les éléments à charge. «Rose n'est pas mort de sa chute. Et si c'était la vraie scène décrite lors des aveux devant le juge d'instruction ? Ça colle tellement !» affirme Me Boucharinc.

«Pas morte à cause de la chute»

L'avocat général David Senat estime : «Les aveux sont inutiles pour asseoir la culpabilité de Michel Rigal, même s'ils comportent luxe de détails». Pour l'accusation, ce sont les expertises qui sont accablantes. «Les experts sont formels : la chute seule ne peut expliquer le décès de la victime». Et d'annoncer le mobile : «Michel Rigal savait qu'elle voulait divorcer et qu'elle allait quitter la maison. Une blessure d'orgueil pour cet homme qui a séduit toute sa vie». Quinze années de réclusions criminelles sont requises pour un crime que le magistrat a qualifié «de brutal et bestial».
En défense, Mes Caroline Marty-Daudiertières et Édouard Martial exhortent les jurés à se méfier des «vraisemblances». «Des doutes, il y en a plus que des certitudes dans ce dossier», considère Me Marty qui le rappelle : «le doute doit profiter à l'accusé». Me Martial décortique les expertises : «Deux experts ont considéré qu'il fallait confronter les constatations médicos-légales aux lieux du drame. Personne ne s'est déplacé !». Et l'avocat souligne «les indifférences coupables de l'enquête». «Sont-ils allés sur les lieux ? Ont-ils fait des prélèvements au niveau du cou ? Ont-ils utilisé un mannequin pour comprendre comment elle a pu tomber ?» La réponse à ces questions est la même : «Non».
Face à ces zones d'ombre, l'avocat tente de rassurer les jurés. «Ce n'est pas le doute qui rend fou, c'est la certitude». Il était 21 h 15 quand les quatre hommes et les deux femmes se sont retirés pour délibérer. À 23 heures, ils sont revenus et ont condamné Michel Rigal à 19 ans de réclusion criminel. L'accusé a semblé accuser le coup. Ses partisans, dans la salle, ont réagi : «Ce n'est pas possible !» Ses avocats, aussi, ont accusé le coup. Un appel est probable.

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