mercredi 30 mars 2016

Cindy : «La vérité, c'est que je n'ai pas tué Kévin"

C'est un coup de théâtre. Il s'est produit à l'ouverture du procès pour assassinat de Joan Gamiochipi et Cindy Pereira, hier, devant les assises de l'Ariège. La jeune femme a «chargé» son complice, assurant ne pas avoir porté de coups à la victime, Kévin Sellier, dix-neuf ans.
Il va falloir y aller à la machette, dans ce fouillis de déclarations contradictoires, variables, inattendues, changeantes, pour faire émerger un peu de lumière. Un peu de vérité. «On fonce dans le noir. Je ne sais pas où on va», chuchotait l'un des avocats, la semaine passée, sous couvert d'anonymat. Une course folle, et à grande vitesse. Hier, dès l'ouverture du procès de Joan Gamiochipi, 24 ans, et de Cindy Pereira (idem), que certains, dans l'assistance, surnomment déjà «les diaboliques», il y a eu ce coup de théâtre : «Je vais modifier mes déclarations, à partir du moment où j'ai pris le caillou, a annoncé Cindy Pereira, d'une voix blanche. Il y a eu une bagarre, je ne sais pas qui l'a pris ensuite. Mais je n'ai pas tué Kévin Sellier». C'est un virage saisissant dans les déclarations de la jeune femme, qui avait progressivement admis avoir porté les coups fatals. Jusque-là, elle expliquait que Joan Gamiochipi ne l'aurait aidée qu'à rendre le corps méconnaissable, le brûlant en partie, notamment le visage et les mains, lui brisant les dents pour qu'une identification soit difficile, voire impossible.

«On avance…», mais où ?

«On avance, commente Me Laurent Boguet, avocat de Cindy Pereira. Ces révélations, c'est le fruit d'un long travail de dialogue avec ma cliente, sa famille… Elle a été convaincue de dire la vérité, dès le début de l'audience».
Mais, à peine énoncée, cette nouvelle version a suscité les foudres des deux côtés de la barre. Joan Gamiochipi l'a immédiatement contredite, s'en tenant au rôle qu'il a endossé durant les quatre ans de procédure.
Et les questions ont fusé. Pourquoi avoir tant attendu ? a interrogé Me Guy Debuisson, partie civile, qui représente la famille de Kévin Sellier. «J'avais peur des représailles. Joan m'avait dit qu'il écorcherait ma petite sœur», a répliqué Cindy Pereira. Silence dans la salle. «Pourtant, quand il était en garde à vue, entre les mains des gendarmes, vous auriez pu parler, à ce moment-là. Vous étiez hors d'atteinte», lui fait alors remarquer Me Thibault de Montbrial, avocat de Joan Gamiochipi, tandis que Me Guy Debuisson souligne les premières contradictions de ce témoignage : «le couteau était devant. Joan Gam iochipi à l'arrière. Comment a-t-il fait pour s'en saisir ?» Pas de réponse.

Mutique, presque absente

Cindy Pereira, jusqu'à la fin de cette première journée d'audience va demeurer figée dans son box, la tête tournée vers le sol, frêle jeune femme dont on cherche en vain le regard. Plus un mot. Plus un geste. Aucune réaction, même lorsque Laura T.., son ancienne colocataire, viendra à la barre pour un témoignage accablant pour la jeune femme. Tout d'abord, Laura balaie d'un revers de main l'épisode du viol qu'aurait subi par la jeune femme, peu de temps avant les faits. Cindy Pereira se serait réveillée en trouvant Kévin Sellier sur elle. Elle n'y croit pas : «Pour moi, il n'y a pas eu viol. Le moindre bruit dans la chambre, on l'entendait depuis le salon. Et Cindy m'en aurait parlé».
Concernant la violente agression de Kévin Sellier, Laura T.. livre des confidences que Cindy lui aurait faites, tard, un soir du mois de mars 2012, alors que les deux jeunes femmes étaient posées devant la télé.

Des confidences accablantes

«Il faut que je t'avoue quelque chose, aurait dit Cindy. J'ai tué quelqu'un. C'était prévu, pour les 400 € volés à mes grands-parents. On a essayé de l'endormir avec un produit préparé par Joan, mais ça n'a pas marché». Cindy Pereira aurait alors expliqué avoir donné un coup de marteau à Kévin pour l'assommer. Puis qu'ils se «seraient amusés avec le corps». Terrifiant. Et accablant. Accablant ? Très vite, ce témoignage est battu en brèche par la défense de Cindy Pereira : «Il n'y avait pas une trace de sang dans la voiture, après le drame», fait remarquer Me Laurent Boguet. On n'y voit pas plus clair.
Il faudra y aller à la machette… pour le moins.
http://www.ladepeche.fr/communes/goulier,09135.html

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