mardi 22 mars 2016

Nancy : Sylvie Leclerc jugée pour le meurtre de son mari décrit un tyran domestique

Elle est arrivée dans le box sous la mitraille des photographes puisque ce procès, qui n’intéressait pas grand monde en septembre dernier, quand il fut audiencé la première fois aux assises de Nancy, est cette fois couvert par les rédactions parisiennes, les télés et les radios. L’effet Jacqueline Sauvage, sans doute…
Sylvie Leclerc, 53 ans, s’est assise donc dans le box sous les flashs et a immédiatement tourné la tête vers les bancs du public, sur lesquels elle a reconnu famille et proches. Elle leur a adressé quelques baisers, fait quelques coucous de la main, puis ses yeux se sont rapidement embués.
Elle a beaucoup pleuré, hier, Sylvie Leclerc, martyrisé de ses mains les mouchoirs en papier que ses deux avocates, Mes Bonaggiunta et Tomasini, n’ont eu de cesse de lui tendre. Elle a pleuré, surtout quand elle a narré cette fameuse soirée du 15 mai 2012, à Jarville, quand elle a mis une balle dans le cœur de Gérard Schahan, son concubin.
Ce dernier venait de s’endormir alors qu’il regardait l’un de ces films – « des séries policières, des films avec des morts » - dont il était friand. « On a mangé, moi et mon compagnon. Notre fille se faisait belle, elle allait sortir. Il a pris ses médicaments, on est allés au lit. On a regardé la télé tranquillement et il s’est endormi. Dans ma tête, une voix est venue. ‘’ Sylvie, tu as assez souffert. Il faut en finir ‘’. Là, tout s’est enchaîné. Je me suis levée, j’ai pris l’arme, une balle, je suis allée devant lui et j’ai tiré. La voix m’a alors dit : ‘’ Tu seras libre ‘’.
Heurté, décousu, le discours de Sylvie ne colle cependant parfois pas avec ses déclarations de l’époque. Dans le box, elle assure ne pas se souvenir de tout, explique ainsi par exemple qu’après le coup de feu, elle est descendue chez la voisine car elle avait « peur ». « Peur qu’il ne se relève et qu’il me course ». À la barre, la voisine viendra confier qu’elle lui a tout de suite lâché qu’elle avait « tué » son mari. « Non, jamais je n’ai voulu le tuer », reprend l’accusée. La présidente Catherine Hologne lui fait remarquer qu’avec un fusil, « on ne va pas à la chasse aux papillons », qu’elle a tiré « à bout portant ».
« Il est là. Dans mon cerveau »
L’enquêtrice de personnalité assure que tous les proches décrivent « une femme sous l’emprise de son compagnon ». Son enfance ? Fracassée par une mère alcoolique et des beaux-pères violents. Sa vie ensuite ? Elle assure l’avoir passée avec un homme qui l’insultait, l’humiliait sans cesse. Un homme qui n’a été violent qu’à une seule reprise, c’est établi, mais qui l’obligeait à voler dans les magasins, à vivre recluse, a tenté de la prostituer, et qui, maladivement jaloux après que sa compagne l’a quitté pendant six mois pour vivre en Tunisie, l’obligeait aussi à porter une perruque, « pour ne pas que les bicots » ne la regardent. « Il était là, tout le temps, à m’espionner, sur mon dos. Un enfer. C’était un malade. Maintenant encore, il vient dans ma cellule, tous les soirs. ’’ Je ne te laisserai pas ‘’ qu’il me dit… Il a détruit ma vie. Un enfer… ».
La présidente n’est visiblement pas sur la même longueur d’ondes : « Ce que vous nous décrivez, madame, c’est une vie de couple effectivement pas terrible, avec deux personnes qui n’ont pas les mêmes goûts, qui ne se parlent pas très bien. Ce n’est pas ce qu’on appelle un enfer… ».
Les avocats de la famille de Gérard Schahan pointent les déclarations protéiformes de l’accusée. Me Philippe Lyon, venimeux, l’accable : « En 2010, vous êtes en Tunisie, vous avez quitté ce que vous appelez l’enfer et, finalement, vous revenez. Mais pourquoi revenir, madame ? ».
« - Je n’en sais rien. C’est son emprise ». Sylvie Leclerc met ses deux mains sur ses tempes. « Il est là. Dans mon cerveau…

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/03/22/a-nancy-le-proces-de-sylvie-leclerc-jugee-pour-le-meurtre-de-son-mari

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