mardi 17 mai 2016

Accident mortel sur la rocade de Saint-Omer : « J’ai une haine énorme »

« Je m’ennuie beaucoup de mon fils », lâche entre deux sanglots le père de la victime. Il a perdu son fils, Jérôme Erckelbout, 27 ans, percuté mortellement par une autre voiture sur la rocade de Saint-Omer le 1er décembre 2015. « Je suis pas bien. J’ai une haine énorme. Je mérite pas ça… On est des gens gentils », poursuit l’homme accablé de douleur. « Si t’as une conscience, avoue ce que t’as fait », tonne peu après le frère de la victime, à l’encontre du prévenu, à la barre.
Le 1er décembre, cet habitant de Campagne-les-Wardrecques, âgé de 28 ans, était au volant de sa BMW quand peu avant 18 h, sur la rocade, avant le giratoire qui dessert la zone du Lobel et Campagne-les-Wardrecques, il s’est encastré dans le véhicule qui le précédait. Deux autres automobilistes situés en aval ont été impactés par la violence du choc.

« Mes clients auraient voulu la vérité »

Le conducteur explique qu’il a commencé à ralentir au sortir de la courbe. Il estime qu’il roulait à 90 kilomètres à l’heure et nie avoir été distrait par son téléphone portable. Il a reçu un appel huit minutes avant l’impact. « J’étais sur le parking d’Auchan », précise-t-il. Le tribunal souligne que ça pose un problème de timing, passe en revue l’emploi du temps et le mauvais état de la voiture, bien qu’elle soit passée au contrôle technique. L’expert dit que le câble de frein à main n’était pas relié à la roue arrière gauche, évoque un freinage tardif combiné à un mauvais état du système de freinage. L’homme, passionné par le passé de courses de voiture sur circuit, a fait les réparations lui-même.
On ne saura pas avec certitude s’il téléphonait ou pas, quelle était sa vitesse, ni pourquoi il ne s’est pas déporté sur la voie de gauche déserte… « Mes clients auraient voulu la vérité », regrette Me Bonningues pour la partie civile. Le procureur rappelle que l’homme est poursuivi pour une conduite inadaptée aux circonstances et requiert dix-huit mois de prison avec sursis, 1 500 € d’amende et l’annulation de son permis de conduire. Le prévenu a présenté ses condoléances, maladroitement, « Tous les jours, je ressasse cet accident. Ça me fait beaucoup de peine. Je pense à cette famille qui souffre. Je pense à ce garçon… » Son avocat, Me Brouwer, qui plaide la relaxe souligne que depuis « on a enfin pris conscience que cette route était accidentogène ».

« Voilà ce qui me reste de mon gamin »

L’audience levée, la mère de la victime s’approche du prévenu, lui montre une photo de son fils, puis de sa tombe : « Voilà ce qui me reste de mon gamin. T’es vraiment un s… pour moi ! » Le prévenu regarde fixement devant lui, comme durant tout le procès, et attend quelques minutes pour sortir.
La décision du tribunal a été mise en délibéré au 21 juin.

http://www.lavoixdunord.fr/region/accident-mortel-sur-la-rocade-de-saint-omer-j-ai-une-ia37b0n3511937

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