vendredi 20 mai 2016

Assises à Nancy : vingt-trois ans de réclusion pour le meurtre de Vandoeuvre

Bendehiba Ahmed, 48 ans, a été condamné ce jeudi par les assises de Meurthe-et-Moselle à vingt-trois années de réclusion. Il a été reconnu coupable du meurtre en 2013 à Vandoeuvre d’Hafid Sahrij. Ce dealer de 34 ans avait succombé à 17 coups de couteau. L’avocat général, qui a requis et a obtenu l’état de récidive légale à l’encontre d’Ahmed, déjà condamné pour une infraction punie de plus de 10 ans, avait réclamé vingt-cinq ans ainsi qu’une période de sûreté de la moitié.
Le 26 mars 2013, en soirée, Hafid Sahrij avait été découvert, inconscient et dans son sang, dans la salle de bains d’un appartement au second étage d’un immeuble situé rue de Bavière, à Vandœuvre, dans le quartier des Nations. Il devait décéder lors de sa prise en charge par les secours.
Saïd, le locataire de l’appartement, qui hébergeait Sahrij, avait indiqué que vers 19 h 30, il avait laissé celui-ci en compagnie de Bendehiba Ahmed, toxicomane surnommé « Ben » et qui venait régulièrement squatter pour obtenir un peu d’héroïne. C’est ce dernier qui lui avait demandé de partir voir si son frère n’était pas passé à son domicile, distant de 200 mètres.
De retour après seulement quelques minutes, Saïd avait croisé un voisin qui lui avait dit qu’il y avait du bruit dans son appartement, qu’il avait entendu des hurlements. Sur le palier, Saïd avait en effet entendu crier « Ben ! » mais n’avait pu pénétrer chez lui car la porte était verrouillée de l’intérieur. Il était descendu, remonté, puis avait constaté cette fois qu’un morceau de clé cassée obstruait la serrure… Saïd avait ensuite découvert Ben dans un local technique du troisième étage, local où sera retrouvée plus tard la tête de la fameuse clé cassée dans la serrure.

« Déferlement de violence »

Ahmed a toujours nié les faits, assuré qu’un « grand Black » était arrivé dans l’appartement, s’en était pris à Sahrij et que, pris par la peur, il avait quitté les lieux pour se réfugier dans le cagibi du troisième. Il avait eu beaucoup de mal à expliquer la présence de son propre sang sur le blouson de la victime mais aussi à l’intérieur des poches du jean de cette dernière.
Avocate de la famille de la victime, Me Vaissier-Catarame a fustigé lors de sa plaidoirie un « déferlement de violence » mais a aussi regretté qu’Ahmed ne dise pas la vérité. « C’est un affabulateur, un menteur. Et cela ajoute de la douleur à la douleur. »
« Ahmed a d’abord tué Sahrij avant de lui voler son héroïne », assure Cédric Laumosne. « Et quand il est découvert dans le cagibi, il raconte immédiatement cette rocambolesque histoire du grand Noir. Il faut quand même avoir la présence d’esprit de l’inventer, cette histoire… ».
L’avocat général, qui détaille le casier d’Ahmed, notamment condamné deux fois pour trafic de stups mais aussi le viol - correctionnalisé - d’un détenu, revient sur les 17 coups de couteau - « un acharnement » -, dont « six mortels. Le sternum et une côte ont été perforés ».
« Les éléments matériels l’incriminent mais n’établissent pas que c’est lui qui a porté les coups de couteau », confie Me Philippe Souchal. « Pourquoi n’a-t-on découvert cette clé cassée dans le local que deux jours plus tard ? Elle aurait pu être déposée par quelqu’un d’autre. Je ne vois par ailleurs pas de mobile. Ce serait 30 grammes de drogue et quelques billets… ? »
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-agglomeration/2016/05/20/nancy-23-ans-de-reclusion-pour-le-meurtre-de-vandoeuvre

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