mercredi 18 mai 2016

Bettencourt: L'ancien avocat de la milliardaire assure avoir agi dans l'intérêt de sa cliente

S'il ne nie pas la vulnérabilité de sa richissime cliente Liliane Bettencourt, l'avocat Pascal Wilhelm, ancien mandataire de la milliardaire rejugé depuis la semaine dernière à Bordeaux avec trois autres prévenus pour abus de faiblesse, a affirmé mardi avoir toujours agi « dans son intérêt ».
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Y avait-il « urgence » pour la vieille dame d'investir 143 millions d'euros fin 2010 ? Avait-elle toute la « maîtrise » des actes que l'avocat l'amenait à prendre? Me Wilhelm, 54 ans, ancien mandataire de l'héritière de L'Oréal après avoir été son avocat - et avant cela celui de l'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre - a été longuement entendu par la cour d'appel sur son rôle en 2010-2011 auprès de Liliane Bettencourt.

Des « sujets prégnants »

« Oui, elle était vulnérable », a réaffirmé mardi Me Wilhelm, qui ne l'a d'ailleurs jamais nié. Tout en précisant que « malgré des problèmes de mémoire immédiate très importants », il y avait des « sujets prégnants »  : son père, sa famille, L'Oréal, son argent, sur lesquels elle devenait « très vive, très attentive », a-t-il assuré.
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« Est-ce que Liliane Bettencourt pouvait lire un contrat de 40 pages et en comprendre les arcanes juridiques? Je ne le crois pas. Mais ce n'est pas ce qu'elle attendait de moi. Elle attendait qu'on lui explique les grandes lignes, les points positifs, négatifs », s'est-il défendu, martelant qu'il avait « cherché à agir dans son intérêt, et même plus largement celui de sa famille ».

« Des dizaines et des dizaines d'années d'activités non régulières »

« D'emblée, dès l'été 2010, j'ai été vigilant » sur la faiblesse de la milliardaire, âgée à l'époque de 88 ans et aujourd'hui placée sous tutelle, a-t-il affirmé. Mais « s'agissant de Liliane Bettencourt, ce n'est pas comme avec ma grand-mère ». Il y a l'immense fortune, « des dizaines et des dizaines d'années d'activités non régulières » et des comptes cachés à régulariser vis-à-vis du fisc, des actes importants à prendre et des « tempêtes de problèmes », alors que l'affaire a éclaté au grand jour. Alors, « il faut agir! » dit-il.
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Un investissement de 143 millions d'euros

Même curiosité des magistrats pour cet investissement de 143 millions d'euros que la milliardaire sera « conseillée », « conduite » ou « influencée » à réaliser entre fin 2010 et mars 2011, dans une société (audiovisuel, électricité, paris en ligne) de l'entrepreneur Stéphane Courbit. Un Stéphane Courbit condamné en première instance à 250.000 euros d'amende, et qui n'a pas fait appel, et dont Me Wilhelm avait aussi été l'un des avocats...
Le Conseil de l'ordre ne retint jamais un conflit d'intérêts. Ce qui n'a pas empêché l'avocat général Pierre Nalbert de mettre Me Wilhelm, l'« avocat de beaucoup de monde », sur le gril pour savoir si cet investissement n'était pas « davantage (sa) décision à (lui) que sa volonté à elle? »
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Inlassablement, la présidente Michèle Esarte a elle aussi cherché à comprendre qui a initié l'investissement, son intérêt ou surtout sa réelle urgence pour Liliane Bettencourt fin 2010, une échéance importante pour Stéphane Courbit.
Me Wilhelm a répété qu'il considérait alors, et « considère toujours, que cet investissement était bénéfique aux intérêts » de la milliardaire. Qu'elle l'avait compris « dans les grandes lignes » et lui avait donné son accord, plaisantant même: « On va refaire des affaires! »

« Quand elle ne voulait pas, on ne faisait pas! »

Un « bon investissement » qui, comme prévu, « a fait gagner de l'argent » à l'héritière. « Personne ne me reproche de lui avoir fait perdre de l'argent! » s'est-il agacé.
Pour cet investissement comme pour d'autres, actes ou dons, « Mme Bettencourt, elle voulait. Quand elle ne voulait pas, on ne faisait pas », résumera l'avocat.
En première instance, Me Wilhelm avait été condamné en mai 2015 à 30 mois de prison, dont un an avec sursis, 250.000 euros d'amende et 2,9 millions d'euros de dommages et intérêts. Il a fait appel, comme les trois autres prévenus rejugés avec lui à Bordeaux jusqu'au 27 mai.

http://www.20minutes.fr/dossier/affaire_bettencourt

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