vendredi 20 mai 2016

Décès d'un adolescent: une interdiction d'exercer avec sursis requise contre un chirurgien

Le Dr Raphaël Moog, spécialiste de chirurgie pédiatrique viscérale, est jugé depuis mercredi devant la cour d'appel de Colmar.
Le praticien est poursuivi pour "homicide involontaire par imprudence ou négligence" dans la mort d'un jeune adolescent.
En septembre 2008, Maxime Walter, 15 ans, était mort dans le service du Dr Moog après une chute à VTT. Il souffrait d'une importante hémorragie interne et avait été abondamment transfusé, mais son état empirait d'heure en heure. Le Dr Moog lui avait finalement enlevé la rate, près de 24 heures après l'accident, après avoir trop longtemps hésité à le faire.
En avril 2015, le chirurgien avait été condamné en correctionnelle à Strasbourg à un an de prison avec sursis mais autorisé à continuer d'exercer.
"Quand on est chirurgien, on doit prendre la décision d'opérer ou de ne pas opérer", a estimé l'
avocat général après avoir détaillé des "négligences graves" commises par le Dr Moog, reprochant au praticien ne pas avoir passé de temps auprès de son patient, d'avoir omis de passer le voir avant de quitter l'hôpital.
"Le médecin, quel qu'il soit, doit passer du temps pour l?ausculter. Cette carence du Dr Moog est incompréhensible", a déclaré le représentant du ministère public.
Pour le ministère, le Dr Moog a persisté dans un diagnostic qui "n'a pas été évalué à sa juste mesure", et dans un traitement opératoire inadapté à la situation médicale du patient.
"Si le Dr Moog était allé voir Maxime, son diagnostic aurait été modifié (...) Tous les médecins et experts entendus affirment que la solution était d'opérer Maxime, mais que cette solution est intervenue trop tard", a rappelé l'avocat général.
Fines lunettes et chemise blanche à rayures, le Dr Moog a reconnu vendredi à la barre avoir "fait confiance" à son équipe.
"C'est vrai, j'ai fait confiance aux gens qui étaient sur place. C'est dans notre habitude de travailler comme ça", a-t-il expliqué vendredi à la barre, d'une voix calme et posée.
Depuis les faits, le médecin, qui exerce toujours aujourd'hui aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, a opéré plusieurs centaines de patients sans se voir reprocher aucun fait grave, selon son avocat Me Bernard Alexandre.
Stéphane Coubris, un avocat de la famille, a accusé le chirurgien d'être dans le "déni le plus total". "Si cet homme prétend qu'il recommencerait de la même manière, il est réellement dangereux".
L'avocat du Dr Moog a plaidé la relaxe de son client, appelant la Cour "à s'abstraire de cette charge émotionnelle" en ne condamnant pas le praticien pour "compenser la douleur de la famille".
Hormis la famille du jeune Maxime, une vingtaine de témoins, médecins, infirmiers, experts et enquêteurs sont venus s'exprimer durant le procès.
La cour a mis sa décision en délibéré au 14 septembre.

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