lundi 23 mai 2016

L'affaire Patricia Wilson devant les Assises de l'Aveyron : le procès d'un assassinat présumé, sans cadavre

22 août 2012, non loin du hameau aveyronnais des Landes-Basses à Vabre-Tizac, les volets de la maison de la quinqugénaire Patricia Wilson, rentrée la veille d'Angleterre, restent grands ouverts. De quoi interpeller sa plus proche voisine et amie.

Vers 13h25, la femme pénètre dans la pièce principale et découvre des flaques de sang. Elle prévient immédiatement les gendarmes de Villefranche.

Les premières investigations des services de gendarmerie mettront en évidence la présence de beaucoup de sang sur les marches d'un escalier situé à l'arrière de la maison. L'électricité a été coupée, mais les lieux ne montrent aucune trace d'effraction ni de fouille. Le corps, lui, demeure introuvable et les recherches resteront vaines malgré d'importants moyens - aériens, plongeurs, battues - mis en oeuvre.

Ancienne cadre dans la publicité, Patricia Wilson s'était installée en 2008 dans cette région rurale du Ségala, avec son compagnon, lui aussi britannique, Donald Marcus.

En septembre 2011, ce dernier rentre en Angleterre pour des raisons de santé, moment où le couple se sépare et au printemps suivant, l'expatriée rencontre Jean-Louis Cayrou avec lequel elle entame une relation intime, avant de rompre.

A sa disparition, les soupçons des enquêteurs se portent rapidement sur lui. Alors âgé de 50 ans, Jean-Louis Cayrou, qui clame farouchement son innocence depuis le début de l'enquête, vit à quelques kilomètres, sur une commune voisine et travaille comme jardinier pour le compte de différentes personnes depuis 2005.

Recherché, Jean-Louis Cayrou s'est présenté de son propre chef le 23 aout à la gendarmerie de Salvetat Peyralès.

Le 25 août 2012, il a été mis en examen pour homicide volontaire avec préméditation. Incarcéré, il a été brièvement remis en liberté sous bracelet électronique en août 2013, avant d'être à nouveau écroué après l'appel du parquet. Ses demandes de remise en liberté n'ont, depuis, pas abouti. Jean-Louis Cayrou ne cesse de clamer son innocence, il l'a même écrit le 27 août 2014 à la garde des Sceaux Christiane Taubira.

Pour la défense, on a instruit à charge

Après la rupture, les relevés téléphoniques montrent de nombreux appels entre Jean-Louis Cayrou et Patricia Wilson, le dernier à 20H57 le soir de la disparition, suggérant un rapport quasi-obsessionnel du couple.

Des allers-retours du suspect dans le département voisin du Tarn, au cours des jours qui ont suivi la disparition, ont aussi retenu l'attention des enquêteurs, ainsi que les explications "évolutives" de ce dernier lors des différentes auditions. Jean-Louis Cayrou avait nié dans un premier temps s'être rendu chez Patricia Wilson le 17 août, avant de finalement reconnaître y être passé le soir-même et avoir, par inadvertance, touché différents objets, tout en réfutant toute implication dans le crime présumé.

"Comme tous les innocents, il se défend très mal",  a affirmé l'avocat toulousain du prévenu, Me Jacques Lévy.
"De peur d'être désigné comme le coupable, il a été désigné comme le coupable",
estime-t-il.

Dans ce dossier, "on a trop le sentiment qu'on a instruit à charge et pas à décharge", ajoute l'avocat, qui en conteste les éléments point par point. "Il n'y a pas d'autre suspect, mais l'a-t-on cherché ?"

"Il y a des indices objectifs vraiment nombreux, concordants. C'est vraiment un baroud d'honneur", a au contraire estimé Me Maryse Péchevis, qui défend l'ancien compagnon et la mère de Patricia Wilson, partie civile dans ce dossier. "Le procès ne permettra pas forcément de faire le deuil, mais de progresser." "La famille [attend] de Monsieur Cayrou qu'il dise la vérité, mais la vérité est dans le dossier", a-t-elle assuré.

Jean-Louis Cayrou encourt la réclusion criminelle à perpétuité


http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/aveyron/l-affaire-patricia-wilson-devant-les-assises-de-l-aveyron-le-proces-d-un-assassinat-sans-cadavre-1001997.html

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