mardi 24 mai 2016

Procès Wilson : «J'irai pleurer sur sa tombe»

Le procès de Jean-Louis Cayrou, meurtrier présumé d'une anglaise de Vabre-Tizac s'est ouvert hier devant la cour d'assises de l'Aveyron. D'entrée, l'accusé a proclamé son innocence et son avocat dénonce une instruction à charge.
«Vous pourrez tout dire, assure le président Cayrol, avec un ton bienveillant en lissant sa barbichette blanche. Mais pas de menaces, ni de vociférations, cela ne sert à rien !»
En face de lui, Jean-Louis Cayrou vient de répéter pour la quatrième fois depuis le début du procès qu'il est innocent. Pendant la longue et fastidieuse lecture de l'ordonnance de mise en accusation, il n'a cessé de hausser les sourcils, les épaules ou les deux où de lever les yeux au ciel.
«Tout cela est un tissu de mensonges» parvient-il à placer entre deux respirations du président Cayrol.
Mais qui est cet homme ni grand ni petit, aux cheveux qui commencent à grisonner, au regard encore étonné et aux vêtements couleur muraille ? Il se raconte. On a du mal à suivre, dans cette salle d'audience où la sonorisation fait la sourde oreille. Mais on devine qu'il nous raconte une vie tristounette. Une grande famille de neuf enfants, heureuse, semble-t-il dire, mais on ne rigole pas avec le papa maçon qui «pose son mètre sur la table, quand il veut faire comprendre qu'il faut se calmer.» On imagine la trique à rallonge prête à se déployer…
Sa vie sentimentale ? Pas folichon folichon non plus. Des petites copines quand il est jeune. Et un mariage en forme de désastre avec une belle-mère du genre Onc'Picsou. Cela se termine par un divorce. Et Cayrou ne verra plus ses enfants.
Sa vie professionnelle ? Il ne veut pas être maçon comme son père qu'il voyait arriver le soir «en sueur et plein de poussière». Il apprend le métier de typographe. Mais comme analyse le président, «c'est un métier qui sera télescopé par la modernité.» Comme les lettres de plomb, le boulot dans l'imprimerie fond à vue d'œil, et Jean-Louis se retrouve sans travail. Chômage + divorce = un flottement qui l'amène au bord de la marge. Il se réfugie dans son Aveyron natal, bosse pour des amis, puis pour les Britanniques du coin. De petit boulot en petit boulot… Tout au long de sa déposition, il ne cesse de répéter qu'il est «chrétien, catholique…»
«Mais, observe pour la partie civile Me Maryse Péchevis, vous avec des tentations de suicide, ce qui est contraire au dogme ? En fait, vous voulez vous faire passer pour le bon enfant du pays bien catho, mais quand ça vous arrange !»
«Pourquoi avez-vous abandonné vos enfants» demande à son tour l'avocat général Manon Brignol.
«Mais dites-le ! s'emporte Me Jacques Lévy, dites qui était votre belle-mère ! Dites enfin tout ce que vous avez fait pour récupérer vos enfants….»
Cayrou bredouille, car il a bien du mal à être clair… On comprend qu'il en a bavé avec belle-maman.
Pour ce qui est de Patricia, il arrive quand même à dire : «Je suis catholique. «Tu ne tueras point ! Je veux que ce procès permette qu'on retrouve son corps. C'est très important. J'irai pleurer sur sa tombe !» Déni, cynisme, ou alors…

http://www.ladepeche.fr/communes/rodez,12202.html

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