samedi 28 mai 2016

Toul : un détenu frappé à coups de marteau devenu invalide à 75 %

Tout ce que je demande, c’est qu’il bénéficie de soins appropriés, comme toute personne dans son état. Le temps est compté. Ses chances de progresser aussi. » Une Touloise de 39 ans est désemparée. Elle a bien tenté d’alerter le contrôleur général des lieux de privation de liberté. D’attirer son attention sur le père de ses enfants, Dominique. Sans résultat pour l’instant.
Cet homme a été violemment frappé à coups de marteau, le 31 juillet dernier, par un codétenu au centre de détention de Toul. Le crâne fracassé et bien qu’opéré par deux fois déjà, il en a gardé de lourdes séquelles. Notamment une hémiplégie du côté droit et des troubles sévères de l’élocution. Il est aujourd’hui invalide 75 %.
La situation peut encore évoluer à condition toutefois d’une prise en charge adaptée. Ce qui n’est plus le cas, avance la dame. « Les médecins ont expliqué que tout se joue dans les deux années suivant l’accident. »
Hospitalisé dans un premier temps à l’UHSI (N.D.L.R. Unité hospitalière sécurisée interrégionale) à Brabois puis à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, il est de retour depuis janvier dernier au centre de détention de Nancy-Maxéville. « Où il ne voit plus qu’un kinésithérapeute pour deux petites séances par semaine. » Insuffisant visiblement.
« Le praticien qui le suit en détention estime qu’il a besoin d’une rééducation intensive de kiné et d’orthophonie », corrobore Me  Karine Laprévotte.

Quotidien très difficile

Dès le mois d’août 2015, le conseil avait déposé une demande de suspension de peine pour raison de santé, son client étant libérable en 2021. La procédure a été examinée lundi dernier par le tribunal d’application des peines mais aussitôt renvoyée du fait de l’absence du retour d’expertises. Un médecin légiste doit juger de la compatibilité de l’état de Dominique C. avec la détention. Problème : l’homme de l’art n’a pas encore rendu son rapport. Et les juges d’application des peines ne pourront pas se réunir avant septembre prochain… « Je comprends les difficultés de chacun. Je sais aussi que les prisons n’ont pas assez de praticiens à disposition pour assurer des prises en charge correctes. Mais humainement, la situation de mon client est insupportable », résume Me Laprévotte. « Cet homme est atteint dans sa chair. Sur une échelle de 1 à 7 ses souffrances sont évaluées à 4,5. Chaque jour est compliqué pour lui. Seul en cellule, il éprouve des difficultés pour se laver, s’habiller et tous les autres gestes du quotidien. Après une chute, incapable de ramper jusqu’à l’interphone, il est resté au sol en attendant que quelqu’un s’aperçoive qu’il était à terre. Cela peut paraître anodin, il ne mange plus de viande depuis des mois, parce qu’il ne peut pas la couper. »
L’avocate insiste : « Le temps presse. Les mois passent, il lui en reste quelques-uns pour essayer de récupérer. En perdre quatre à nouveau est vraiment préjudiciable. Il est désespéré. »
Et Me Laprévotte de conclure, amère : « Malheureusement, il ne s’appelle pas Jacqueline Sauvage (N.D.L.R. : la femme qui a bénéficié récemment d’une grâce présidentielle après avoir tué son mari violent). Et cette affaire est moins médiatique… »

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-toul/2016/05/28/toul-un-detenu-frappe-a-coups-de-marteau-devenu-invalide-a-75

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