mercredi 8 juin 2016

Assises de Pau : «Alexandre était là» au premier jour du procès de ses meurtriers

Au premier jour du procès de ses meurtriers présumés, «Alexandre était là». Pierrette Mazza-Capdevielle, avocate de Valérie Lance, la mère d'Alexandre Junca, résume ainsi le fait marquant de cette première journée d'audience. En effet, et c'est plutôt rare, après le résumé des faits par Francis Bobille, président de la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques, les débats se sont poursuivis non pas, comme à l'accoutumée, par l'interrogatoire des accusés mais par une évocation de la victime.
Un déroulement voulu par Jean-Christophe Muller, procureur de la République de Pau dans un souci d'apaisement et de libération de la parole des proches d'Alexandre. Cinq ans après les faits, la démarche a permis de donner une dimension humaine à ce jeune garçon de 13 ans dont le corps a été découpé et enterré en bordure du gave
C'est d'abord Aurélie Clesse, enquêtrice de personnalité, qui vient parler d'Alexandre à la barre. «Un jeune dans la préadolescence, populaire dans son réseau d'amis, le rigolo de la bande, sportif au look de skateur. C'était un garçon jovial, intelligent, serviable un rien dans la lune. Il rayonnait, était respectueux des adultes et entouré d'adultes aimants».
Pierrette Mazza-Capdevielle tend ensuite des photos d'Alexandre au président Bobille qui les fait circuler aux jurés. Il donne ensuite la parole à Philippe Junca. Le père d'Alexandre, peu à l'aise dans cet exercice, prend sur lui pour dire combien son «petit garçon était affectueux et aimant… Je veux que la vérité sorte de ces débats» confie avec pudeur Philippe Junca.
Digne, Valérie Lance, parle plus longuement de son fils et de sa famille. «Avec son sourire magnifique et ses yeux bleus, il faisait des ravages. C'était dur de lui refuser quelque chose… Depuis 5 ans, j'attends qu'il rentre de l'école, qu'il me souhaite bonne nuit. Je suis comme une poule qui compte ses poussins et il m'en manque un. Il m'en manquera toujours un». Valérie Lance attend du procès que l'on respecte «Alex». «J'ai été choqué par une émission de radio dans laquelle l'avocat de Claude Ducos parle, à propos de son client, d'une pièce de puzzle que l'on veut faire rentrer dans le jeu. Alex, on a fait un puzzle de son corps. Que M. Ducos prenne ses responsabilités, nous, on en a pris pour perpétuité. Je veux qu'ils soient tous reconnus coupables car ils ont tous joué un rôle dans la mort d'Alexandre». Valérie Lance ajoute qu'elle souhaite que Claude Ducos et Fatima Ennajah, qui comparaissent libres sous contrôle judiciaire, «retournent en prison».
Claude Ducos est accusé d'avoir démembré le corps d'Alexandre. Il nie les faits qui lui sont reprochés. Fatima Ennajah est, elle, poursuivie pour non-dénonciation de crime.
Les quatre accusés seront fixés sur leur sort jeudi 16 juin.

«Je suis inexcusable»

Michaël Baehrel, l'auteur des coups de marteau mortels sur Alexandre Junca, parle lentement et doucement. «Il faut que l'on vous entende. La famille attend des réponses». à plusieurs reprises, le président Bobille lui intime de parler plus fort. «Je ferai de mon mieux. Je leur dois la vérité. On leur doit tous la vérité».
Dans la douleur, l'ex-SDF évoque son parcours d'errance jalonné d'alcool et de cannabis – d'Alençon à Cazères puis Saint-Gaudens et Pau – depuis que ses parents l'ont mis dehors à l'âge de 18 ans car il ne «bougeait pas ses fesses pour trouver du travail» et ne s'entendait plus avec sa belle-mère. Le soir du 4 juin, il «avait beaucoup bu». Il explique qu'au début, il voulait rendre à Alexandre le portable que lui avait pris Christophe Camy. Et pourtant, il lui porte ensuite un ou plusieurs coups de marteau, des coups de poing et de pied. «Pourquoi ces coups ?» interroge le président Bobille. Michaël Baehrel hésite : «Je n'arrive pas à expliquer cette violence. C'est une honte… La famille d'Alexandre ne pourra jamais m'accorder son pardon. Je suis impardonnable et inexcusable». Interrogé ensuite sur l'atteinte à l'intégrité du corps d'Alexandre, Michaël Baehrel, soutient «qu'il n'a rien à voir avec le démembrement. Je n'étais pas au courant. Je croyais qu'il allait cacher le corps». «Il», c'est Claude Ducos, lequel ne partage pas cette version.
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