lundi 6 juin 2016

Dans leur bâtisse de Seine-et-Marne, ils avaient monté la plus grosse fabrique de faux billets

Les enquêteurs ont donné à son entrepôt le joli nom de « cave à vingt ». C’est là, derrière une double cloison et sous une dalle en béton d’une vieille bâtisse de Courtry (Seine-et-Marne) qu’ils ont découvert un atelier avec une dizaine d’imprimantes, une quinzaine d’ordinateurs et des milliers de planches à billets. C’est pour avoir tiré plus de 320.000 billets de 20 euros que Dominique Patrom, 59 ans, et son beau-frère, Marceau Bom-Gertner, 63 ans, vont être jugés à partir de ce lundi devant la cour d’assises de Paris.
>> Les faits : L'ancien imprimeur s'était converti en faux-monnayeur
Dominique Patrom n’était pas un inconnu des hommes de l’Office central pour la répression du faux monnayage. Imprimeur reconverti dans la mécanique automobile, cet homme avait déjà été condamné à cinq ans de prison dans une affaire de fausse monnaie en 2006. Sept ans plus tôt, c’était pour avoir copié la fameuse « carte orange » qu’il avait eu des ennuis.

Deux euros le billet de vingt, cinq pour celui de cinquante

Mais les forces de l’ordre ont mis du temps à remonter sa piste. Dès 2007, ils sont avisés que des fausses coupures de 20 euros circulent. Mais il leur faudra attendre 2012 et deux perquisitions pour trouver la planque de Dominique Patrom.
En tout, selon l’enquête, elle a servi à cracher 327.000 contrefaçons de billets de 20 euros, dont 310.000 ont été écoulées dans l’Hexagone. Quelques fausses coupures de 50 euros seraient également sorties des imprimantes. L’accusé reconnaît les faits. Les tarifs qu’il proposait ? Deux euros pour un billet de 20. Cinq pour un billet de 50. Pour les commerçants et les particuliers bernés, le préjudice est estimé à près de 10 millions d’euros.

« Des gros pneus » pour faire « 10.000 kilomètres »

Le beau-frère de Dominique Patrom, lui, conteste toute implication. Sa présence fréquente sur les lieux ? C’était pour voir sa sœur Liliane, dépressive, compagne de l’imprimeur. Les talkies-walkies ? Pour signaler son arrivée afin de se faire ouvrir le portail.
Des éléments mis à mal par l’enquête. Marceau Bom-Gertner venait essentiellement sur place le matin quand sa sœur était absente. Surtout, les écoutes téléphoniques ont mis à jour un drôle de langage utilisé par les deux hommes. Il y est question de « lové » soit le nom donné à l’argent en argot gitan, d’invitation à « venir prendre un café » ou encore de « gros pneus » nécessaires pour faire « 10.000 kilomètres ».
Les deux hommes encourent l’un et l’autre jusqu’à 30 ans de prison et 450.000 euros d’amende. Le verdict est attendu vendredi.

http://www.20minutes.fr/dossier/assises

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