vendredi 17 juin 2016

Montbéliard : deux ans de prison ferme pour avoir tabassé un quadragénaire sur un parking

«Monsieur, s’il vous plaît, vous regardez le tribunal ! » Tout en essuyant ses larmes, la victime, Khalid, 41 ans obéit. Ses yeux se détournent du prévenu.
La présidente du tribunal Audrey Vandendriessche reprend son instruction. Elle lit le rapport médical : « Quarante-cinq jours d’interruption de travail, une hypoacousie de l’oreille droite, une splénectomie [ablation de la rate], une contusion du pancréas, une fracture nasale […], un stress post-traumatique ayant nécessité un suivi psychologique. » Fabienne Roma, représentante de la partie civile, commente : « On peut comprendre qu’il regarde avec insistance celui qui lui a fait tant de mal. Il vit dans la crainte et la peur, il a la mémoire des coups. Redire les choses, c’est les revivre. »
« C’est troublant que vous ne vous souveniez de rien. La scène est d’une telle violence ! »
Extrait de la maison d’arrêt où il purge une peine de prison, Nabil Zaier, un Boroillot de 36 ans, répète qu’il ne se souvient pas de la scène. « Une bagarre d’alcooliques qui a mal tourné », soutient son conseil, Jean-Baptiste Euvrard.
Le 29 juin 2015, sur le parking du Leader Price de Montbéliard, « les esprits se sont échauffés », dixit l’avocat. Les deux hommes étaient saouls. Des témoins confirment que « le grand » (le Boroillot) était armé d’un bâton en bois et qu’il a pris l’avantage sur l’autre (Khalid). Le second a été frappé de coups de pied, de coups de poing : « Il était à terre, l’autre continuait », dit un témoin. « Ils sont tombés dans la Lizaine. Le grand tapait sur l’autre qui avait l’air complètement sonné », assure un homme qui est intervenu et a alerté les secours. « J’ai été lynché. Si on ne m’avait pas tendu la main [N.D.L.R. : un témoin, au bord de l’eau], je serais mort », souffle la victime.
Interpellé en juillet 2015 (après une plainte déposée par le frère de la victime), Nabil Zaier, en récidive, paraît sincère. « Si je me souvenais, ce serait en ma faveur », déclare-t-il.
La présidente Vandendriessche l’interroge sur sa consommation d’alcool, doute de son amnésie. « C’est troublant que vous ne vous souveniez de rien. La scène est d’une telle violence ! La victime et vous, vous êtes tombés à l’eau. » Me Roma ironise : « Si j’avais une chanson à fredonner, ce serait ‘‘J’ai la mémoire qui flanche’’.»
Le vice-procureur Sven Morelle stigmatise des faits très graves, « une violence décuplée par l’alcool, un acharnement ». Il ajoute : « Effectivement, on aurait pu se trouver devant une autre juridiction. Le prévenu [N.D.L.R. : sept mentions au casier] n’a pas tenu compte des sanctions judiciaires. » De requérir trois ans de prison dont quinze mois avec sursis mise à l’épreuve pendant trois ans (obligation de soin, de travail, d’indemnisation).
Me Euvrard estime que son client aurait tout aussi bien pu se retrouver sur les bancs de la partie civile. « Des coups ont été échangés. Les personnes qui se rejoignent sur ce parking n’ont qu’une idée en tête, s’enivrer le plus vite possible. Monsieur n’a jamais dit que les autres mentaient. Son amnésie n’est pas ‘‘utilitaire’’».
Nabil Zaier, qui a présenté ses excuses au quadragénaire, écope de trois ans de prison dont un an avec sursis mise à l’épreuve (avec les obligations citées plus haut). La victime devra faire l’objet d’une expertise médicale. Une provision de 1.500€ lui a été allouée.
http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2016/06/17/montbeliard-deux-ans-de-prison-ferme-pour-avoir-tabasse-un-quadragenaire-sur-un-parking

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